En France, le créateur d'entreprise d'origine étrangère est moins exposé à la discrimination que le demandeur d'emploi issu de l'immigration. Tel est le constat principal de l'étude Ipsos réalisée pour l'Afpa (association pour la formation professionnelle des adultes) concernant les conditions d'insertion dans l'emploi. Alors que de récentes opérations de « CV testing » (études Cegos ou Adia) ont montré que l'origine ethnique reste le tout premier facteur de discrimination, et ce, à tous niveaux de qualification et surtout parmi les cadres, 63% des Français interrogés (sur un échantillon représentatif de 963 personnes) considèrent que les sociétés créées et dirigés par des personnes issues de l'immigration sont des entreprises comme les autres. Voire plus ouvertes (pour 11% des réponses). «Lorsqu'on est salarié, la discrimination semble un sujet dépassé», note l'étude Ipsos-Afpa, puisque dans 91% des cas les Français se disent prêts à travailler sous l'autorité d'un tel patron. En informatique, les exemples ne manquent pas, à commencer par le PDG du groupe C-S (Communications et systèmes), Yazid Sabeg, grand promoteur de l'égalité des chances et de la charte de la diversité. Publiée lors de la remise des « 9e prix de la réussite » (deux des quatre premiers lauréats sont des informaticiens) qui distinguent des anciens stagiaires Afpa créateurs d'entreprise, cette étude remet cependant l'accent sur le besoin d'accompagnement de ces cadres-entrepreneurs, qu'ils aient ou non fait l'objet auparavant d'une discrimination. Près d'un Français sur deux reconnaît le surcroît de difficultés lié à l'origine du créateur d'entreprise. Ce qui donne à l'Afpa l'occasion de rappeler, d'une part, que 3700 personnes formées à l'Afpa créent leur entreprise, dont 1400 stagiaires du cursus « gestion pour repreneur et créateur d'entreprise ». D'autre part, que 7,4% des stagiaires (11 255 personnes) accueillis à l'Afpa, tous cursus confondus, sont d'origine étrangère, dont 20% en provenance des pays de l'Union européenne. Pour la petite fraction de ces derniers (4,7%) qui sont de niveau bac+2/+3, on trouve une large majorité d'informaticiens, développeurs, techniciens supérieurs réseaux et techniciens supérieurs en automatisme et informatique industrielle.