« L'économie française face à la révolution du Web 2.0 » était le thème choisi par l'Andese (Association nationale des docteurs es sciences économiques et en sciences de gestion) ce 4 avril, pour débattre, à la Sorbonne, d'un phénomène véritablement pris en compte par les entreprises et le secteur public. Et même si les analyses divergent quant au futur, deux idées ont fait l'unanimité : le Web 2.0 est une prise de pouvoir de l'utilisateur et il est urgent de renforcer les investissements français pour ne pas prendre davantage de retard par rapport aux autres puissances. Où sont les nouveaux modèles économiques ? Qui seront les leaders de demain ? Comment l'industrie informatique va-t elle relever ses nouveaux défis ? Comment les pouvoirs publics peuvent-ils réagir ? Quels nouveaux usages vont émerger ? Comment saisir les nouvelles opportunités ? Quels sont les impacts sur les métiers, la recherche et l'éducation ? Ce sont autant de thèmes soulevés par la question du Web 2.0, qui a vu se succéder dans le temple de l'académie que représente la Sorbonne, un intéressant panel de personnalités du monde public et privé, experts ou chefs d'entreprises, visiblement conscients d'une réalité rappelée par les chiffres de l'OCDE : sur 2 964 Md$ représentés par les dépenses en TIC en 2005 (source : perspectives des technologies de l'information, édition 2006), la France ne compte que pour 135 Md$. Derrière le Royaume-Uni (162 Md$), l'Allemagne (170 Md$) ou encore le Japon (342 Md$) ou les Etats-Unis (1 185 Md$). S'il paraît acquis que les entreprises du monde entier sont de plus en plus en concurrence sur le marché mondial des services, l'innovation a été le mot le plus employé pour souligner la nécessité de se positionner efficacement sur un marché en pleine expansion. Les modèles classiques remis en cause Les intervenants ont toutefois fait part de leurs difficultés à quantifier les investissements réels dans le secteur par des méthodes de calcul reconnues, même si la relation entre l'investissement informatique et la croissance économique ne fait, pour eux, aucun doute. Si la bonne volonté semble bien présente, cela ne suffit pas : la faiblesse des investissements dans les entreprises et dans la R&D a été largement dénoncée, l'un des intervenants indiquant « qu'en France, on préfère peut-être le béton et le bâtiment ! » L'assemblée s'est également interrogée sur cette révolution amenée par le Web 2.0. Selon les témoignages de chefs d'entreprises qui développent des nouveaux modèles, cela ouvre un nouveau champ économique : le vecteur Web abolit les classiques « B2B » ou « B2C » (des entreprises aux consommateurs professionnels ou grand public) pour voir triompher le « C2C » ou le « C2B » (le consommateur prenant la place du vendeur, à l'instar des sites de ventes de particulier à particulier). Il pose, entre autres, la question du devenir des vendeurs, des grandes surfaces-dépôts, des journalistes face aux créateurs de contenus et même... des informaticiens, chacun adaptant l'outil 2.0 à son propre modèle. Autre thème abordé : « les legacy » ou usages anciens qui permettraient à de grosses entreprises de conserver à court terme leur prépondérance, pourraient, selon Louis Naugès de Microcost, vivre dans un deuxième temps « un véritable tsunami ». Certes, cette mutation absolue n'est pas pour demain, mais peut-être pour après-demain. Qui peut dire jusqu'où ira cette « prise de pouvoir des utilisateurs » comme l'ont répété à l'envi les acteurs du colloque, pour quels usages et pour quelle économie ? Si la bulle précédente a été évoquée, aucun élément tangible ne semble montrer un rapport entre 2007 et 2000. Côté entreprises enfin, les plus en phase avec le Web 2.0 ont admis qu'elles s'adaptaient en permanence, n'extrapolant pas à plus de quelques semaines et avouant un autre business model : celui de l'écoute des nouveaux usages afin d'« accompagner ce marché de la demande ».