Aujourd’hui chez IBM, comme chez d’autres fournisseurs IT, l’heure est à la transformation digitale pour mieux accompagner l’évolution du business chez les clients. Cela passe notamment par l’ouverture d’un espace baptisé Studios à Bois-Colombes, près de Paris, afin d’accompagner les projets des entreprises. Une sorte de solution center en fait, comme la firme d'Armonk en possédait déjà, mais avec un verni digital. Big blue nous a indiqué que d’autres espaces numériques verront le jour en Europe à Hambourg, Prague et Varsovie après ceux de Dublin et Hursley inaugurés cette année.

Des clients comme PSA et Airbus ont déjà eu affaire aux équipes pluridisciplinaires composés de développeurs, d’architectes, de spécialistes métiers et marketing et bien sûr de chefs de produit rebaptisés pour l’occasion designers. Big blue n’est plus seulement une SSII mais une agence digitale où le mot informatique ne doit plus être prononcé pour ne pas faire ringard. Les workshops ne sont bien sûr pas animés par des informaticiens mais par ces fameux designers, 10 000 déjà dans les 100 studios d’IBM dans le monde. Après le green IT, le cloud ou le big data, l’heure est donc au numérique (voir l'étude sur la méfiance des clients de SAP UK & Irlande sur le sujet). Deloitte propose déjà un espace de ce type, le Greenhouse à Neuilly sur Seine avec Yann Glever aux manettes, et de façon un peu différente, Capgemini à Suresnes avec son Lab’innovation.

Développement accéléré chez Airbus

Pour PSA, IBM va travailler sur les voitures connectées afin de collecter et vendre les données des capteurs pour affiner les prévisions météo dans les villes, optimiser le trafic sur les autoroutes ou encore faciliter le travail des garages pour l’entretien des véhicules, nous a expliqué Marc Bensoussan, directeur général d’IBM en charge des services. La même démarche est envisagée dans les villes dans le cadre du programme Smart Cities, dont nous vous avons déjà parlé, avec des tableaux de bord pour remonter des informations comme l’état du trafic, la disponibilité des places de parking, les fuites d’eau ou le nombre de vélos à une station. Des tests ont été faits à Montpellier pour anticiper les bouchons en cas d’inondation et proposer des itinéraires bis.

Lors de cette matinée à Bois Colombes, Vincent Swiderski, sales manager Smarter Fleet chez Airbus, est venu témoigner du travail réalisé avec les équipes d’IBM sur une application développée pour un client. Si Airbus fabrique avant tout des avions, l’entreprise conçoit également des applications pour les clients qui achètent ses produits. « Nous vendons depuis plusieurs années des solutions pour proposer des divertissements aux passagers ou calculer la consommation de carburant des avions», nous a expliqué M. Swiderski. « Mais comment être nous mêmes plus digital pour apporter de la valeur à nos clients. A l’origine, nous sommes des fabricants d’avions pas de softwares. Nous avions donc besoin d’un partenaire pour changer notre manière de penser avec un centre d’immersion client. Nous avons trouvé ici [chez IBM] l’étincelle pour stimuler notre manière de penser. On s’est rendu compte qu’on connaissait très bien nos avions et nos données mais pas assez nos clients. Que faire pour avoir des solutions avec plus de valeur ajoutée. Nous avons évalué les cas d’usages dans d’autres industries et visité nos clients avec nos collègues d’IBM ». Pendant longtemps la manière de travailler chez Airbus software était très classique, six mois de travaux sur les spécifications du produit avant de donner le résultat à un partenaire pour ensuite récupérer un produit ne correspondant plus aux besoins. Il était devenu urgent de créer plus rapidement les applications pour mieux coller aux attentes des clients. Pour JetBlue, 6ème compagnie aérienne aux États-Unis, Vincent Swiderski et son équipe ont travaillé avec IBM sur une solution baptisée Maintenance Mobility. « Elle repose sur des outils modernes avec une documentation numérique et des approbations électroniques. On a réussi à entrer dans la peau de nos clients, et pas seulement en utilisant leurs données ».

Un 1er prototype au bout de 6 cycles

Pour ce projet, les spécifications ont été écrites en même temps que le développement afin de présenter rapidement un prototype . « Le 1er sprint pour JetBlue a duré 15 jours avec des réunions rassemblant les équipes marketing, ventes… On a montré des écrans tout de suite alors que l’application n’était pas développée afin de générer des idées. Au bout de six cycles, on a dévoilé un prototype grâce à un maquettage rapide reposant sur une méthode agile et DevOps avant de passer à une phase industrielle […] Auparavant, il nous fallait deux ans pour développer une application qui au final ne correspondait plus aux besoins. Aujourd’hui, nous travaillons quatre fois plus rapidement avec quatre fois plus de fonctions dans l’application.

L’expérience a été particulièrement concluante même si tout ne s’est pas fait sans heurts. « IBM nous a vraiment montré que c’était possible ; c’est une manière de penser avec le design qui vient avant tout le reste. Cette méthode permet de valoriser les métiers pour qu’ils aient vraiment la main sur le produit. Et ce n’est pas facile de changer certains comportements. Il faut raccourcir les délais, penser différemment. L’ancien système était plus confortable, on est obligé aujourd’hui de se remettre en question avec un mode projet permanent ». Airbus Software a adopté ce mode de fonctionnement il y a trois ans. « On est aujourd’hui en avance de phase et ça paie. On est devant nos concurrents mais entre le dire et savoir le faire, c’est deux mondes ».