« Dans les deux ans à venir, 50% des projets de transformation des systèmes d'information qu'assisteront les équipes d'IBM Global Business Services au niveau mondial vont reposer sur une approche SOA», avance Philippe Hedde, directeur général de cette entité GBS pour IBM France, reprenant en cela les propos de l'état-major de la société. C'est dire l'importance que prend, à ses yeux, le choix de la compagnie de fixer en France l'un des deux centres d'expertise servant de tête de pont pour les opérations sur ce terrain. Et pas seulement pour l'Europe. A La Gaude, dans l'arrière-pays niçois, la vitrine et les « démos » sont prêtes. De même que les équipes d'architectes, habituées (depuis la transformation d'une partie du centre de R&D en « e-business Solution Center » qui date de 2000) à recevoir les équipes projets d'entreprises du monde entier (80% d'Europe, 10% Amérique du Nord, 10% Asie) pour des prototypages de projets mêlant problématiques d'infrastructures et d'applicatifs. De l'avis des troupes françaises, pour l'heure, la reprise des investissements pour la refonte des systèmes d'information ou le lancement de projets ex-nihilo SOA en est encore à ses frémissements : moins de 10% des projets accompagnés et des revenus d'IBM GBS de ce côté-ci de l'Atlantique. Sachant que, selon une étude auprès des dirigeants de 250 entreprises (IBM Global CEO Survey, 2006), pour 56% des directions informatiques, le manque de compétences est l'inhibiteur numéro 1 dans l'adoption d'une démarche SOA, le fonctionnement de ce centre d'expertise mondial mise sur la complicité implicite entre entreprises clientes, pionnières de la démarche SOA, et les experts des diverses entités d'IBM (IBM GBS, pour le conseil et les études, IBM GTS pour les aspects techniques, infrastructures, outsourcing, maintenance, IBM Software pour l'expertise autour des technologies revampées SOA) mais aussi, le cas échéant, avec les fournisseurs et intégrateurs partenaires. Et l'exemplarité de certains projets d'ores et déjà bouclés (dans le domaine bancaire) ou en préparation (dans le secteur santé) permet d'exploiter une certaine verticalisation des démos et de l'offre de services (par secteur d'activité, par métier, donc par brique de services, de web services, pour certains avec « appliances » à l'appui). Pour l'heure, la demande se situe surtout en termes de mise au point de feuille de route avec les équipes projets. Par quoi commencer, dès lors que l'on s'intéresse à l'apport de l'orienté services? Avec un petit semestre de recul, Jean-Michel Corrieu, responsable du centre SOA de la Gaude depuis janvier 2007, constate que cette demande est plus avancée dans les secteurs de l'assurance (en quête d'agilité pour la mise sur le marché de nouveaux produits), dans le domaine de l'énergie (systèmes d'information dans les coulisses des réseaux de transport intelligents), chez certains grands industriels (automobile, aéronautique avec l'extension du PLM, gestion du cycle de vie du produit), mais aussi face à des problématiques plus génériques (contrôle de l'usurpation d'identité, par exemple). Pour Olivier Chaffard Luçon, directeur de l'entité IBM Software France, le mouvement est bel et bien lancé, avec une croissance (au niveau mondial) de 42% assurée autour des produits revus et « taggés SOA », soit trois fois plus forte que la progression des revenus logiciels de la société. « Pour le volet services et infrastructures, ce qui relève d'IBM GTS ou des intégrateurs, la percée de l'approche SOA est plus difficile à mesurer, sachant qu'un projet SOA s'appuyant sur un existant n'implique pas forcément rupture », explique Olivier Bérard, architecte senior de IBM GTS. Quoi qu'il en soit, pour le centre de La Gaude, l'accompagnement proposé aux équipes des entreprises clientes se concrétise en trois étapes : une journée de « briefing » (débroussaillage de la question) avec des experts ; un atelier de préparation de la feuille de route (un ou deux jours), un atelier de prototypage (Business Pilot) de 3 à 4 jours. Les trois étapes rapprochant, à divers degrés mais systématiquement, les aspects fonctionnels (et les représentants des métiers concernés) et les aspects techniques (évaluation de la prise de risque).