La semaine dernière plusieurs arrestations des membres de LulzSec, groupe de pirates émanant des Anonymous, avaient été le fruit d'une connivence entre les autorités américaines et le chef de ce groupe, un new-yorkais de 28 ans, connu sous le pseudonyme de Sabu et identifié comme étant Hector Xavier Monségur. Arrêté au mois de juin de l'année dernière, sous le coup de plusieurs accusions, celui-ci a plaidé coupable lors de son procès intervenu au mois d'août suivant. Surtout, il aurait coopéré depuis avec le FBI. Selon plusieurs sources, Hector Xavier Monségur aurait également fourni un ordinateur appartenant aux agents fédéraux pour faciliter la divulgation des cinq millions d'adresses mails piratées par LulzSec dans les réseaux de l'entreprise texane de sécurtié privée, Stratfor Global Intelligence, et actuellement publiées par WikiLeaks. Un mail interne de Stratfor fait aussi état d'un acte d'accusation secret que le Ministère américain de la Justice aurait déjà établi contre Julian Assange.

Le 7 mars dernier, D.J. Pangburn, rédacteur en chef de Death and Taxes, a écrit sur son blog que le FBI avait confirmé que, en décembre 2011, Jeremy Hammond, l'un des cinq pirates de LulzSec arrêté la semaine dernière, connu sous le pseudonyme de Anarchaos, avait informé Hector Xavier Monségur sur les vulnérabilités des serveurs de Stratfor. « Le FBI a ensuite demandé à Sabu de proposer à Jeremy Hammond l'adresse d'un serveur sur lequel il pouvait stocker les données de Stratfor. Nous connaissons le reste de l'histoire : Anonymous a annoncé le piratage de Stratfor, et il y a deux semaines, WikiLeaks a commencé à publier les e-mails sous l'intitulé Global Intelligence Files, » écrit le rédacteur en chef de Death and Taxes. Mais la valeur de ces e-mails fait débat. Ainsi, le 27 février, Daniel W. Drezner, professeur de politique internationale à la Fletcher School of Law and Diplomacy à la Tufts University, écrit dans un blog que « ces e-mails sont inestimables pour comprendre comment Stratfor fait ce qu'il fait, à condition de séparer les faux messages des vrais. » Et, selon lui, « ceux-ci ne révèlent rien de très secret».

Un piège dénoncé

Kevin McAleavey, fondateur et architecte en chef du projet KNOS, est d'accord. « Tous les « agitateurs » contre les administrations n'ont rien à tirer de ces informations sur Stratfor et considèrent plutôt cette affaire comme une très mauvaise blague,» a t-il déclaré. « Je ne vois rien qu'il faille protéger au nom de la sécurité nationale, ces personnes ou leurs soi-disant informations. » Comme le fait aussi remarquer un intervenant sur le blog de Mr Drezner, « la seule information importante ici, c'est la date à laquelle Anonymous et WikiLeaks ont conclu leur alliance. » L'affaire a suscité un débat sur les méthodes supposément utilisées par le FBI, y compris pour savoir si l'agence avait contribué à monter ce traquenard, en facilitant la transmission de les e-mails relativement inoffensifs de Stratfor à Wikileaks, afin de fabriquer des preuves contre Julian Assange.