Filiale de HPE, depuis son rachat il y a trois ans (moyennant 2,7 milliards de dollars) et la fusion avec l’entité réseau issue de 3Com, Aruba cultive son indépendance et sa singularité avec un certains succès sur le marché des réseaux et de la sécurité. Keerti Melkote, le cofondateur et président de la société est toujours aux commandes, efficacement secondé par Alain Carpentier, senior vice-président, qui assure la direction monde des ventes. L’équipementier qui réalisait un chiffre d’affaires de 800 millions de dollars en 2015, a récupéré un milliard de revenus chez HP Networks pour arriver à 2,5 milliards trois ans après. Et, lors de la convention Aruba Atmosphere qui a réuni 1 500 clients et partenaires à Sibenik en Croatie, Alain Carpentier nous a confié que les 5 milliards de dollars sont en ligne de mire. De quoi satisfaire, Antonio Neri, l’homme qui a piloté l’acquisition d’Aruba, président de HPE depuis juin 2017.

A Sibenik, les dirigeants d’Aruba ont expliqué la vision de la société qui entend accompagner la transformation digitale dans les entreprises en aidant à relier le numérique et le physique à travers le réseau en exploitant les sessions des utilisateurs (depuis les terminaux fixes et mobiles). Grâce à des rachats ciblés (Meridian en 2013, Raza Networks en 2016, Cape Networks en 2018) et des développements internes, Aruba n’est en effet plus un simple fournisseur de points d’accès sans fil même si le credo de la société reste « Mobile first ». Une emphase particulière a été mise sur le logiciel et l’automatisation afin d’accompagner le développement des entreprises aussi bien dans le réseau que dans la sécurité. Par « Mobile first », Aruba explique partir de l’identification de l’utilisateur - et de ses nombreux terminaux - pour assurer la connexion et la sécurité des services - numériques bien sûr - proposés par les entreprises. « Nous devons donner la priorité à l’expérience utilisateur tout en gérant les risques [en sécurité] liés à la mobilité. Mais nous sommes là pour gérer les réseaux et non pas les personnes », a relevé Mortain Illum, vice-président marketing EMEA d’Aruba.

Les points d'accès sans fil d'Aruba couvrent les besoins dans les espaces clos et ouverts. (Crédit S.L.)

Un salarié mobile mais tracé

« Nous sommes en train de prendre position en ce moment dans les grandes entreprises autour de la transformation numérique, et dans les entreprises de taille moyenne autour d’infrastructures capables de supporte le cloud », a indiqué le président de la société lors d’un point presse à Sebenik. « C'est sur ces points que nous nous concentrons. Nous sommes certainement très optimistes à propos de cette première transformation que les clients adoptent.... beaucoup d'entre eux utilisent des outils de type Skype for Business sur un appareil mobile. Une grande partie de la croissance vient de là ». Cheval de Troie pour l’équipementier, la modernisation des postes de travail dans les entreprises avec l’arrivée du smart digital workplace s’annonce prometteur. En réaménageant les espaces de travail afin d’encourager la mobilité et la collaboration entre les salariés, le fournisseur explique dans un discours très positif qu’il est possible d’améliorer la productivité tout en réduisant les mètres carrés. L'idée de travailler « plus intelligemment », et non pas « plus », souligne Janice Le, vice présidente en charge du marketing chez Aruba.

Aruba Networks a récupéré et étoffé la gamme de commutateurs Ethernet de HPE. (Crédit S.L.)

Le développement de la mobilité dans les entreprises passe par exemple par des services comme la localisation d’un salarié qui s’installe à un bureau et l’envoi d’un message à tous ses correspondants locaux dans l’entreprise pour leurs signaler sa nouvelle position géographique. En analysant la bande passante utilisée par les employés, l’équipementier essaye aussi de comprendre l’organisation d'un espace de travail et déduire ce qui se passe en son sein. « Connaître l'emplacement de X est une chose, mais attacher des interprétations sémantiques à des emplacements, dans les expériences des utilisateurs, ou dans l'efficacité ou la productivité, c'est la valeur que nous voyons vraiment », indique le CTO de la compagnie. « Le réseau en tant que source de cet ensemble de données - qui nous aide à comprendre et à relier le tout - devient de plus en plus clair ». Mais cette technologie peut également être utilisée pour surveiller les salariés : les environnements en réseau équipés de capteurs peuvent dire combien de temps un employé s'est éloigné de son bureau, créant ainsi un micromanagement infernale pour le dit employé.

Ouvrir le réseau de manière sécurisée 

Comme nous l’a indiqué le CTO d’Aruba, Partha Narashimhan, « notre proposition consiste à aider les gens du réseau à simplifier l’usage et la maintenance du réseau avec les renouvellements nécessaires, en concentrant si besoin les ressources mais sans renoncer à la sécurité et en s’adaptant aux menaces […] Les policies font ce qu’elles ont à faire sans se soucier des connexions. » L’idée est d’utiliser des ressources IA pour améliorer les réponses à ces questions qui demandent beaucoup d’énergie humaine et les ressources ne sont pas toujours disponibles avec les réductions de coûts enclenchées dans les entreprises. « Nous arrivons à un point où les utilisateurs veulent aller au plus simple avec des technologies issues du grand public ».

Equipé par Aruban, le groupe hôtelier Amadria Park, en Croatie, propose un accès sans fil à ses clients jusqu'à la plage. (Crédit D.R.)

Pour répondre à cette demande, les entreprises doivent étendre leurs capacités et les connexions réseau sans sacrifier la sécurité. « Je regarde ce qui se passe sur le réseau dans les bâtiments : les serveurs et le stockage ont été transférés vers des centres de données et vers le cloud », indique Partha Narasimhan, CTO d'Aruba, « mais l'espace lui-même reste un attribut important ». Pour répondre à ces problématiques, Aruba pousse bien sur ses équipements réseau (points d’accès sans fil et commutateurs) mais également ses solutions logiciels : AirWave pour gérer les réseaux, IntroSpect pour analyser et monitorer les terminaux et les équipements réseau, ClearPass en complément pour analyser les comportements des utilisateurs et profiler les menaces, et NetInside pour améliorer les performances du réseau en identifiant et en anticipant de manière proactive - grâce au machine learning - les problèmes avant que les utilisateurs et les entreprises ne soient affectés, et enfin Cape Networks (disponible au mois d’aout) pour analyser le comportement des applications et services en mode SaaS ou traditionnel. Certaines de ces technologies ont été développées en interne et d’autres sont issues de rachats (Cape Networks et Rasa Networks par exemple)

Des serveurs durcis pour l'IoT 

Autre domaine qui intéresse particulièrement Aruba, l’IoT. « Nous connectons les utilisateurs avec leurs smartphones mais nous avons de plus en plus affaire à des objets connectés et à des capteurs », nous a expliqué Alain Carpentier. « Et le machine learning peut venir nous aider à régler des problèmes IoT. United Airlines a ainsi résolu les questions de rotation d’avion avec nos solutions. Le machine learning est devenu le passage obligé pour faire de nouvelles choses ». En complément, Aruba travaille également sur le sujet de l’edge computing : « les datacenters doivent être sous le capot pour réduire la latence ». Pour cette partition hybride IT, Aruba peut compter sur les ressources de sa maison mère HPE pour fournir des serveurs durcis avec une notion IO supérieure. Des systèmes convergés sont également à l’étude pour répondre à ce besoin spécifique.

Depuis son rachat par HPE, Aruba Networks a considérablement étoffé son catalogue produits et solutions pour, notamment, accompagner ses clients français dans le transport aérien, la distribution d’articles sportifs, la défense, l’industrie pharmaceutique et le ferroviaire. Un appel d’offre est en effet en cours pour équiper de points d’accès sans fil – pour le personnel et les visiteurs - 4 000 gares françaises.