Depuis deux ans, l'augmentation des offres de stages destinées aux étudiants en école d'ingénieur ont augmenté de 59%. L'enquête, conjointement menée par l'éditeur Hobsons et le site Kelformation montre qu'en 2003-2004, une « grande école » recevait en moyenne 1 607 offres de stages, 1 915 offres en 2004-2005 et 2 555 offres en 2005-2006. Selon toutes vraisemblances, la tendance sur l'année 2006-2007 est encore à la hausse. Ces chiffres signifient également qu'un élève de dernière année a le choix entre 9 offres différentes en moyenne, de 2 à 20 propositions selon la réputation de l'école. L'une des raisons évoquées par les analystes de l'étude est la tension sur le marché de l'emploi des jeunes diplômés bac+5 (niveau master) : « la concurrence entre recruteurs se déplace du jeune diplômé vers le stagiaire. » Autres enseignements : 67% des offres envoyées sont destinées aux étudiants de troisième année, alors qu'aujourd'hui, la plupart des écoles proposent également des stages de première et deuxième année. « Cela montre que les entreprises souhaitent avoir des stagiaires en passe d'être diplômés sans doute parce qu'ils sont plus opérationnels, mais surtout parce qu'ils sont « embauchables » à l'issue du stage », indique Arnaud Gastaud, responsable de la marque Kelformation. D'ailleurs, la plupart des étudiants en école d'ingénieur en informatique mettent un soin particulier à choisir l'entreprise dans laquelle ils feront leur stage de dernière année, sachant que c'est en réalité une pré-embauche qui se joue. Les grandes écoles souhaiteraient des stages plus courts et davantage axés première et deuxième années Pourtant, l'étude fait également état de manques du côté des entreprises. Les écoles souhaiteraient davantage d'offres pour les première et deuxième années, plus de missions à l'étranger et des stages plus courts (3 mois, quand les entreprises recherchent des stagiaires pour une durée de 6 mois). Syndrome du mouvement « génération précaire », résurgence post CPE (contrat première embauche) ou prise de conscience de la valeur et du potentiel des étudiants ? « C'est surtout le marché de l'emploi qui est extrêmement porteur. Il fait évoluer la demande, même si les autres éléments peuvent jouer », répond Olivier Fecherolle, directeur délégué de Kelformation. « Aujourd'hui, on ne prend plus un stage « par défaut » et les entreprises aux bonnes pratiques tirent cet apprentissage vers le haut. » Toujours est-il que ces futurs diplômés, visiblement plus cotés que leurs prédécesseurs ont l'avantage de bénéficier d'une conjoncture qui leur est particulièrement favorable. Plus que jamais ils ont tout intérêt à entretenir la concurrence entre les entreprises (y compris d'un point de vue financier), de vérifier sur Internet ou dans les bureaux des étudiants la fiabilité des stages (et vérifier aussi les listes noires mises à leur disposition par les stagiaires déçus) afin de bien se former, se constituer un CV avec des références intéressantes et de rejoindre ensuite la structure qui leur permettra de commencer leur carrière dans les meilleures conditions. Et pour les futurs stagiaires, le décret d'application légiférant sur les stages serait bienvenu.