A travers le Défi H, Sogeti, filiale de Capgemini, et Le Monde Informatique proposent à des étudiants en ingénierie informatique de développer des projets innovants pour favoriser l’autonomie professionnelle malgré un handicap, que celui-ci soit cognitif, moteur, visuel, auditif ou psychique, visible ou indétectable. Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, est la marraine de l'édition 2018 qui vient d'être lancée en sa présence le 22 janvier au Lab Innovation de Capgemini, à Suresnes. Si l’innovation est bien le moteur de cette compétition, les projets doivent avant tout répondre à des problématiques réalistes et existantes, a rappelé Eric de Quatrebarbes, directeur exécutif de Sogeti France. 

Pour sa 7ème édition, pilotée par Fabien Senlanne, directeur de l'innovation de Sogeti, le challenge se renouvelle en gardant les constantes qui ont fait son succès depuis sa création en 2011, en partenariat avec Exéco, L’Adapt, la Fondation Garches et Talenteo. Ce lancement officiel en présence de la secrétaire d'Etat, point d'étape, d'échanges et de recadrage entre équipes et organisateurs, figure parmi les nouveautés du parcours, de même que le prototype demandé aux équipes d'ici 4 mois.

Autour de Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, et d'Eric de Quatrebarbes, directeur exécutif de Sogeti France, une partie des équipes du Défi H 2018 venues présenter leurs projets, entourés des coaches et partenaires du concours, au Lab Innovation de Capgemini le 22 janvier. Au 1er plan à gauche, Fabien Senlanne, directeur de l'innovation de Sogeti. (crédit : LMI/MG - agrandir)

Chaque équipe est accompagnée par un coach Sogeti et travaille en binôme avec une association spécialisée, ce qui permettra aux étudiants d'éprouver la validité de leurs propositions face à la réalité quotidienne du handicap. Cette année, 7 projets ont été retenus sur 15 dossiers, issues de 6 écoles (Epsi, Ynov, ECE, pôle universitaire Léonard de Vinci, Ensea, Cesi Exia) réparties entre Nantes, Toulouse, Rennes, Paris et Cergy-Pontoise. Les applications imaginées sont variées : rééducation en réalité virtuelle, simulation d'entretiens prenant en compte des troubles cognitifs, guide vocal pour se repérer dans un lieu, application collaborative pour faciliter les déplacements, bras robotique... Signe des temps, les solutions proposées sont fortement teintés d'intelligence artificielle. Devant la secrétaire d'Etat et les personnalités présentes, les 7 équipes ont disposé chacune de 5 minutes pour détailler leurs projets.

Des étudiants de l'Ensea décrivent l'innovation imaginée par leur équipe devant Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées. Au 1er rang, de gauche à droite, Eric de Quatrebarbes, directeur exécutif de Sogeti, Pierre Soubelet, préfet des Hauts-de-Seine, Sophie Cluzel, Florence Gelot, membre de son cabinet et conseillère Emploi-Ressources, Christian Dupuy, maire de Suresnes, Isabelle Florennes et Xavier Iacovelli, respectivement députée et sénateur des Hauts-de-Seine (LMI/MG).

« Transformer les projets pour le bien commun de tous »

« Ce sont de superbes projets, j’ai l’impression que vous êtes partis des besoins des personnes et je pense que c’est le plus important, ce n’est pas de l’imagination en chambre », a déclaré Sophie Cluzel, à l'issue des exposés réalisés par les candidats. A ses cotés, le préfet des Hauts-de-Seine, Pierre Soubelet, a également assisté aux présentations, de même que Christian Dupuy (maire de Suresnes), Isabelle Florennes (députée de la 4ᵉ circonscription des Hauts-de-Seine), et Xavier Iacovelli (sénateur des Hauts-de-Seine).

De gauche à droite, les équipes d'Ynov/projet VR Interview - Nantes - (vidéo de présentation), de Cesi Exia/rééducation musculaire - Toulouse (vidéo de présentation), d'ECE/projet bras robotique - Paris (vidéo de présentation) et de l'Ensea/projet S3 - Cergy-Pontoise (vidéo de présentation). Crédit : LMI/MG

Très impliquée depuis de nombreuses années sur la prise en compte du handicap sous toutes ses formes, Sophie Cluzel a d’emblée pointé la nécessité d’élargir au maximum la portée des projets. « Ce qui m’intéresse énormément, c’est que vous vous posiez la question de les transformer pour le bien commun de tous », a-t-elle souligné. Il serait dommage de fermer l’angle de ces innovations sur un handicap particulier - moteur, malvoyance, surdité, autisme… « Ayez toujours en mémoire le fait que vous pouvez ouvrir votre dispositif à tous les types de handicaps, c’est comme cela que nous ferons avancer encore plus notre société inclusive », a exposé la secrétaire d’Etat. « Donc, surtout ne fléchez pas, n’étiquetez pas votre projet sur un type de handicap, regardez-le avec une conception beaucoup plus universelle », 

De gauche à droite, les équipes de l'Epsi/Cap simulation - Nantes (vidéo de présentation) et de Léonard de Vinci - Paris : projets Guidecam (vidéo de prévention) et Tiresias (vidéo de présentation). A droite, au 1er plan, Pierre Soubelet, Sophie Cluzel et Florence Gelot. (Crédit : LMI/MG)

Faciliter aussi les déplacements professionnels

Evoquant le projet d’un bras robotique à fixer sur un fauteuil roulant pour aider à récupérer des objets tombés à terre, Sophie Cluzel suggère d’imaginer que l’on puisse guider ce bras robotisé à la voix. « Parce que les personnes qui sont dans le fauteuil sont déjà très empêchées, elles ont en général un joystick pour le déplacer, donc, pensez commande vocale ». A propos d’un autre projet visant à faciliter l’évolution de personnes malvoyantes au bureau, elle conseille de transposer aussi le dispositif ou l’application pour les déplacements professionnels. « Imaginez le parcours de vie de la personne et ce que votre projet va pouvoir changer dans ce parcours, et pas uniquement sur un angle professionnel, mais aussi de vie quotidienne ». La notion de participation collaborative d'une app mobile pour malvoyants a également retenu son attention. « C'est très intéressant d'incrémenter les dispositifs à partir des personnes et surtout des personnes qui ne sont pas concernées. Ce projet de voyants/non voyants, c’est vraiment quelque chose de palpable pour améliorer la société inclusive ».

Sophie Cluzel a aussi insisté sur le coût des projets, « le moindre coût » permettant d'essaimer et diffuser l’idée pour qu'elle puisse servir le plus grand nombre de personnes. « Il faut que vous pensiez aussi à la problématique de la diffusion, je pense que Sogeti peut vous accompagner justement dans cette perspective et puis, après, à partir de ces projets innovants, il faut pouvoir faire des start-ups », lancer les produits et puis « irriguer vraiment le droit commun. Donc, bravo, ce sont des super projets, très intéressants, très complets et j’attends de pouvoir vous remettre les prix », a conclu la secrétaire d'Etat aux personnes handicapées.

« Pensons société inclusive, accessibilité universelle. Interrogez des personnes en situation de handicap, le plus possible dans votre entourage, sur l’utilisation de ce que vous êtes en train de développer, parce qu’il faut partir des besoins des personnes et ne pas se faire plaisir en laboratoire », a conseillé Sophie Cluzel aux étudiants réunis au Lab Innovation de Capgemini, ci-dessus entourée d'Eric de Quatrebarbes (à droite), directeur exécutif de Sogeti France, et de Fabien Senlanne, directeur de l'innovation de Sogeti France et pilote du Défi H 2018.

Pour encourager les étudiants à participer au Défi H, Sogeti s'est rendu dans les écoles d’ingénierie informatique à travers la France afin de faire connaître son initiative aux étudiants en 1ère année. « Nous avons fait le tour d’une quarantaine d’écoles », a indiqué Fabien Senlanne, directeur de l'innovation de Sogeti qui supervise le Défi H. Bien souvent, les étudiants motivés pour se lancer dans l’aventure sont sensibilisés à ces questions par des proches directement confrontés aux difficultés quotidiennes liées au handicap, ainsi que nous l'ont confié plusieurs d'entre eux.

D'ici le 26 février, les équipes devront avoir finalisé une vidéo de présentation de leur projet et devront communiquer activement sur l’avancée de leurs développements via les réseaux sociaux. La remise des projets interviendra à la fin du mois d’avril. Elle sera suivie comme les années précédentes d’un vote du public, du 30 avril au 15 mai. Nouveauté cette année, les candidats devront présenter des prototypes au jury - constitué des différents partenaires - afin que l'utilité de l'innovation puisse être évaluée de la manière la plus concrète possible. La remise des prix se fera fin mai ou début juin.