Avec de gros capteurs sur son toit, sa batterie de senseurs et caméras à l'avant, la berline Lexus exposée par Toyota au salon annuel du secteur électronique CES à Las Vegas, ne passe pas inaperçue. De par son aspect, l'imposante Lexus LS ressemble beaucoup plus à un prototype sortant d'un labo qu'à la voiture autonome conçue par Google - sur base Toyota Prius - que l'on croise souvent sur l'autoroute 101 entre San Mateo et Mountain View. Comme elle, le prototype japonais "peut conduire tout seul", indique Jim Pisz, un responsable de Toyota aux Etats-Unis, "mais nous ne le laissons pas faire". Les voitures Google, que nous avons souvent croisé sur la 101, avaient toujours une personne derrière le volant (voir illustration plus bas).

La Lexus "autonome" de Toyota circule uniquement dans les centres de recherche de la marque nipponne alors que le géant de l'Internet a obtenu l'autorisation d'utiliser son véhicule sur les routes dans trois Etats américains. "La technologie est très similaire à celle de Google", avec l'usage de radars et de lasers, mais les objectifs sont différents, relève M. Pisz: le groupe internet cherche à améliorer ses logiciels de cartographie, Toyota étudie les technologies pour améliorer la sécurité de ses voitures.

Des ordinateurs roulants chez Audi et Toyota 

L'électronique a été au coeur de l'innovation ces dernières années dans le secteur automobile, permettant l'ajout d'un tas de fonctions automatisées aux véhicules, déjà très présent surtout sur le haut-de-gamme. Radars et avertisseurs anti-collision, assistances au parking, régulateurs de vitesse, éclairages ou freinages "intelligents"... "Les voitures d'aujourd'hui sont des ordinateurs roulants", souligne Wolfgang Dürheimer, membre du directoire chargé des développements techniques chez Audi. Le constructeur allemand montre dans un simulateur au CES, un système s'apparentant à un pilote automatique qu'il a installé dans des voitures tests, des TT. "Il aide le conducteur dans les situations où la conduite est ennuyeuse", explique Ulrich Hofmann qui participe au développement des systèmes de conduite d'Audi.



Après des années de tests, la célèbre Google est désormais autorisée à rouler dans 3 états américains. Crédit photo Raphael Henry

Sur autoroute, dans un embouteillage ou quand il n'y a pas trop de feux de circulation par exemple. Il suffit d'enfoncer un bouton sur le volant pour que la voiture se mette à conduire toute seule. Elle adapte automatiquement sa vitesse à celle qui la précède et reste dans sa file en suivant le marquage au sol. Pendant ce temps, le conducteur peut lire ses mails ou passer un appel vidéo... Mais l'autonomie du véhicule reste relative, puisqu'il ne peut changer de file sans un mouvement manuel du conducteur. Le système repose sur une série de capteurs permettant d'évaluer l'environnement. Il est en mesure d'alerter l'automobiliste quand le pilotage automatique n'est plus sûr et lui demande de reprendre le volant.

Ford a relancé ses recherches

Le véhicule plus autonome avait séduit des constructeurs comme Ford avant que le firme ne stoppe ses recherches il y a cinq ou six ans. La perspective d'une voiture sans chauffeur "semblait trop éloignée, ça n'avait pas de sens de faire travailler de grosses équipes dessus", indique Pim van der Jagt qui travaille dans un centre de recherche du groupe américain. Mais les choses ont changé. Ford a relancé ses recherches sur l'autonomie des véhicules depuis que Google s'intéresse au projet.


Des Audi TT autonomes avalent des miles au Nevada pour valider les technologies du constructeur allemand.

Pour autant, Toyota affirme que sa voiture sans chauffeur ne sera pas mise sur le marché dans un avenir proche. Même son de cloche chez Audi, où l'on concède qu'il reste beaucoup de problèmes légaux à régler. Mais le système de pilotage assisté utilise des équipements "qui sont déjà en production en série, ou en sont proches" et pourrait arriver sur le marché "d'ici 5 à 8 ans", selon M. Hofmann. Wolfgang Dürheimer estime pour sa part que le Japon pourrait être le premier pays à ouvrir la voie au véhicule autonome.