Dans l'histoire récente de SAP, il n'y a guère eu de produits qui aient été davantage mis en avant qu'HANA, la base de données en mémoire, promue dès l'origine par le co-fondateur de la société, Hasso Plattner. Depuis la disponibilité de la plateforme en juin 2011, SAP a cherché à la placer au centre de sa stratégie à long terme, tant en termes de communication que sur le plan technologique. L'objectif est d'en faire une plateforme de développement complète qui pourrait remplacer la base de données d'Oracle. Quelles annonces l'éditeur prépare-t-il pour les prochains mois ? Notre confrère Chris Kanaracus, d'IDG News Service, s'est risqué à quelques hypothèses. 

En 2013, il n'y a aucun doute sur le fait que SAP va continuer à promouvoir HANA tous azimuts. Mais pour maintenir le rythme des ventes associées, certains éléments apparaissent essentiels. Il sera crucial, notamment, d'élargir l'éventail de cas clients représentatifs et bien en vue exploitant la technologie pour des applications sensibles en production plutôt que sur des projets expérimentaux. Cela pourrait se faire plus facilement dans le courant de l'année puisque SAP s'apprête à annoncer qu'HANA a été certifiée pour les modules principaux de son ERP (enterprise ressource planning).

Quid du ralliement des développeurs à HANA

Autre objectif important pour le fournisseur allemand. Il lui faudra montrer des signes évidents de l'adhésion à HANA de la part des développeurs et des éditeurs indépendants de son écosystème. Un certain nombre de start-up sont en train de concevoir des applications avec sa base de données en mémoire. Si elles peuvent sortir rapidement des produits convaincants, cela ne pourra que renforcer l'image d'HANA. SAP devrait présenter la feuille de route de la plateforme le 10 janvier prochain. Il a en effet prévu de faire des annonces importantes ce jour-là.

La stratégie cloud : SAP a annoncé, avec NetWeaver Cloud, l'arrivée d'une plateforme PaaS basée sur HANA, ainsi qu'une offre d'intégration de données dans le cloud. En novembre, l'éditeur a également annoncé HANA One sur Amazon Web Services, qui permet d'ouvrir des instances de la base de données dans le cloud public. D'autres annonces coïncideront avec la prochaine conférence Sapphire en mai 2013. Lors de cet événement, l'éditeur devrait présenter d'autres applications de gestion dans le cloud complémentaires à ses logiciels sur site, dans la lignée de Financials OnDemand (montré en novembre sur Sapphire Madrid). L'occasion de donner un suivi sur l'accueil qui a été réservé à celle-ci.

Acquisitions : dans quel domaine investir en 2013 ?

En complément, on devrait s'attendre à de nouveaux points d'intégration entre l'offre SAP et les logiciels SaaS acquis par l'éditeur, SuccessFactors et Ariba. Le groupe allemand a déboursé près de 8 milliards de dollars pour ces deux sociétés. Rien ne dit qu'il est prêt à réaliser en 2013 un rachat équivalent à l'un de ceux-ci. Toutefois, s'il fallait tenter une supposition, on peut rappeler que SAP a noué fin 2011 un partenariat avec NetBase, autour de l'analyse des réseaux sociaux. La société co-dirigée par Bill McDermott et Jim Hagemann Snabe peut être amenée à estimer qu'il serait tout aussi intéressant de posséder en interne de telles technologies. Ce qui pourrait déboucher sur l'absorption de NetBase ou d'un autre acteur spécialisé dans l'analyse des réseaux sociaux, comme Lithium ou Attensity. Dans ce domaine, Oracle et Salesforce.com ont déjà respectivement acquis Collective Intellect et Radian6.

La semaine dernière, Oracle a réalisé un coup sur les fonctions d'automatisation marketing avec le rachat d'Eloqua, pour 871 millions de dollars. Ce faisant, il montre l'importance de ces outils dans le contexte des médias sociaux et des terminaux mobiles. SAP pourrait lui aussi décider d'acquérir un éditeur sur ces fonctions, comme Marketo, par exemple.

Evolution des start-up internes, mouvement au sommet ?

Cette année, SAP a remodelé sa stratégie de recherche et développement autour de la notion de start-up internes. Plutôt que de conserver des ingénieurs dans leur tour d'ivoire, à expérimenter à l'envi sans aboutir à des produits commercialisables, l'objectif est maintenant de trouver des idées qui pourraient se concrétiser dans des domaines qui pourraient constituer des marchés de 200 millions de dollars dans les trois à cinq ans. L'an prochain, il sera intéressant de voir si le programme de recherche ainsi transformé débouche sur quelque chose d'aussi important qu'HANA. Quoi qu'il en soit, comme dans toute entreprise, les bonnes idées doivent encore être adoubées par les équipes dirigeantes.

A propos des dirigeants de SAP, justement. S'il n'a pas été fait publiquement mention d'éventuelles tensions entre les deux co-PDG, Bill McDermott et Jim Hagemann Snabe, cela ne signifie que l'un d'entre eux n'aura pas envie, à un moment ou à un autre, de faire cavalier seul à la tête de l'entreprise. Le premier cité, notamment, a fait pendant un temps l'objet de telles rumeurs. Il pourrait, qui sait, tenter un pas en ce sens en 2013.