Depuis la naissance d'HANA, sa base de données en mémoire, SAP cherche à tirer parti de la puissance qu'elle apporte dans tous les domaines possibles. C'est principalement aux développeurs que s'est adressé cette fois l'éditeur allemand, en clôture de sa conférence TechEd, qui s'est tenue cette semaine à Madrid. « Pourquoi la tâche du développeur reste-t-elle toujours si pénible ? », a déploré Vishal Sikka, CTO de SAP, membre du conseil exécutif du groupe. « Nous voulons changer cela radicalement en proposant une expérience de développement en temps réel sur notre plateforme ».

HANA constitue une refonte complète des bases de données telles qu'on les utilisait jusque-là, a-t-il redit en énumérant quelques-unes de ses caractéristiques et de ses performances. Nativement in-memory, massivement parallèle, adaptée aux applications OLAP et OLTP, aux données structurées et non structurées, elle peut s'utiliser avec les applications d'ancienne et de nouvelle génération. Elle peut effectuer 2 milliards de scans/s et 10 millions d'agrégats/s par coeur et 1,5 million d'insertions/s. Une puissance que SAP veut mettre au service du développement avec l'objectif de créer des applications capables d'évoluer avec les besoins des utilisateurs et des situations. Depuis la mi-octobre, les développeurs peuvent tester la plateforme en souscrivant à l'offre HANA One sur AWS (0,99 $ l'heure par instance).

L'outil MDM Afaria utilisé avec HANA

Vishal Sikka a rappelé que SAP avait récemment créé une entité, dirigée par Sam Yen, responsable du design et de l'expérience utilisateur, qui a déjà présenté l'outil Personas pour personnaliser facilement les interfaces. Ses équipes mettent en oeuvre le concept d'innovation connu sous le nom de Design Thinking, qui consiste à faire réfléchir une équipe multidisciplinaire autour de l'amélioration d'un cas d'usage. Sam Yen aurait déjà rencontré une centaine de clients de SAP. « Le Design Thinking représente la façon dont nous allons créer à l'avenir », a assuré Vishal Sikka.

« Lorsqu'on dispose d'une plateforme comme HANA, la première chose que nous avons à faire, c'est de repenser nos propres produits », a ensuite souligné le CTO en indiquant que SAP venait notamment d'amener Afaria, sa solution de gestion des terminaux mobiles (MDM) sur HANA (elle était déjà disponible dans le cloud AWS). Il a également rappelé l'arrivée de SAP CRM sur la base en mémoire et de SAP Financiels OnDemand, une application SaaS pour les directions financières dont les outils analytiques sont également dopés par cette technologie.

250 To de DRAM et 10 000 coeurs

Vishal Sikka en a profité pour parler du plus puissant système actuellement construit par SAP sur sa technologie HANA. Il se trouve à Santa Clara, réunit 250 To de DRAM et 10 000 coeurs. « La prochaine fois que Larry Ellison (PDG d'Oracle) parlera d'HANA comme d'un petit système, qu'il vienne voir à Santa Clara », a plaisanté le CTO. Le mois dernier, SAP a ouvert sa certification autour de la plateforme jusqu'à présent mise en musique par sept partenaires constructeurs (HP, IBM, Fujitsu, Cisco, Dell, Hitachi, Nec) et désormais ouverte à tous. Le groupe allemand mène par ailleurs une co-innovation très avancée avec Intel sur une ferme de 10 Po.

« Pour construire ce genre d'écosystème, nous devons aussi réinventer la façon dont nous nous formons », a ajouté Vishal Sikka en indiquant que plus de 200 vidéos d'explications sur HANA étaient disponibles dans le cadre des formations à la technologie (academy.saphana.com). Une première vague d'ingénieurs a déjà été formée. Et depuis la disponibilité de la base dans Amazon Web Services, il y a trois semaines, une centaine d'instances auraient été déjà ouvertes.

L'appel aux start-up, ticket gagnant ?

Mais tout cela ne suffira pas à SAP pour imposer sa plateforme. Il lui faut du sang neuf. Pour trouver les idées d'applications capables de montrer le potentiel d'HANA, l'éditeur a donc décidé de recruter des start-up issues d'un tout autre monde que le sien. Des jeunes entrepreneurs et développeurs qui n'auraient jamais eu d'eux-mêmes l'idée de s'intéresser à SAP. Lui-même fondateur de start-up en son temps, Vishal Sikka a suscité le lancement d'un programme chargé de convaincre les équipes gagnantes de demain de tester la base de données en mémoire.

Cent cinquante ont été approchées et vingt d'entre elles ont raccordé leur application à HANA qu'elle ne connaissait pas il y a à peine six mois pour la plupart. Si elles trouvent intéressante la visibilité que leur offre un éditeur comme SAP, elles ne sont pas encore toutes convaincues de la nécessité de recourir à sa technologie pour assurer le succès de leurs propres produits. Une place de marché est ouverte pour les découvrir : marketplace.saphana.com.