Avec 30 millions de téléchargements en un jour, Meta flotte sur un petit nuage pour le démarrage de l’application Threads. Pour autant quelques nuages noirs menacent de ternir quelque peu cette euphorie. Et cela dans deux directions. Pour commencer, les critiques se multiplient quant au non respect de la vie privée et de la protection des données personnelles. Ensuite, Twitter menace de poursuivre Meta pour le recrutement de ses anciens employés, détenteurs potentiels de secrets professionnels.

Un des éléments gênants réside ainsi dans l'impossibilité de supprimer son compte Threads sans supprimer son compte Instagram. C'est en tout cas ce qui ressort de la politique de confidentialité complémentaire d'Instagram sur Threads. « Vous pouvez désactiver votre profil Threads à tout moment, mais sachez que votre profil ne peut être supprimé qu’en supprimant également votre compte Instagram ». Un porte-parole du groupe est revenu sur cette inquiétude. « Pour clarifier, vous pouvez désactiver votre compte Threads, ce qui masque votre profil et votre contenu Threads, vous pouvez rendre votre profil privé et vous pouvez supprimer des posts individuels - tout cela sans supprimer votre compte Instagram. Threads est géré par Instagram, il s'agit donc pour l'instant d'un seul compte, mais nous cherchons un moyen de supprimer votre compte Threads séparément ». D'autant que la FTC (Federal Trade Commission) pourrait estimer que la décision de Meta de lier les comptes Threads à ceux d’Instagram est une violation ou une pratique « déloyale ou trompeuse » en vertu d’un accord avec la Commission (consent decree). Cette pratique empêche potentiellement les utilisateurs d'avoir des moyens de contrôle de leurs données.

Un aspirateur à données et un copycat de Twitter

Et c’est bien la collecte et le traitement des données personnelles qui concentrent les critiques. Jack Dorsey, co-fondateur de Twitter a résumé le problème en un message, « Tous vos Threads nous appartiennent ». Il a accompagné sa punchline d'une capture d'écran montrant toutes les données sensibles collectées par l’application de Meta. Les défenseurs de la vie privée aux Etats-Unis s’inquiètent aussi de la collecte « d’une grande quantité de données » pas nécessaire au bon fonctionnement de l’application. Ces informations inclues l'orientation sexuelle, la race et l'origine ethnique, les données biométriques, l'appartenance à un syndicat, les opinions politiques et les croyances religieuses des utilisateurs. Face au RGPD, Meta a décidé de ne pas lancer Threads dans l’Union européenne.

De son côté, Elon Musk a lui aussi critiqué le volet privacy de l’application Threads en relayant le message de Jack Dorsey. Mais le propriétaire de la firme à l’oiseau bleu a un autre angle d’attaque contre son concurrent. L’avocat personnel d’Elon Musk a adressé une lettre à Mark Zuckerberg, président et CEO de Meta où il l’accuse d’avoir recruté une douzaine d’anciens employés de Twitter pour détourner illégalement des secrets commerciaux et des éléments de propriété intellectuelle. Il indique que ces salariés « ont délibérément été affectés au travail sur Threads dans l’intention de servir de leurs connaissances des secrets professionnels et autres informations de propriété intellectuelle de Twitter pour accélérer le développement de l’application concurrente de Meta ». Le site de micro-blogging se réserve le droit d’attaquer Meta sur ce point. Le réseau social a quant à lui réfuté le fait d’avoir des ingénieurs issus de Twitter dans l’équipe en charge de Threads.