Les effets de la pandémie de Covid-19 amènent IDC à abaisser davantage ses prévisions d'évolution du marché mondial de l'IT. Aux alentours du 10 mars, le cabinet d'études estimait encore que le scénario le plus probable serait celui d'une hausse de 1% (contre 5% précédemment attendus) des investissements en matériels, logiciels et services en 2020. A l'époque, le confinement ne s'était pas encore généralisé sur une bonne partie du globe. Désormais, c'est une décroissance annuelle de 2,7% des dépenses qui est anticipée. La projection s'inscrit dans un contexte de crainte d'une baisse de 1,7% du PIB mondial. « Les secteurs de l'économie qui sont les plus touchés vont réagir en retardant des achat et des projets. En outre, le manque de visibilité sur le plan sanitaire ne manquera pas d'amener beaucoup d'entreprises à adopter des approches extrêmement prudentes à court terme dans l'établissement de leurs budgets d'urgence », explique Stephen Minton, analyste chez IDC.

En mars, certains segments du marché de l'IT ont connu des croissances d'une ampleur inédite, notamment dans les univers de l'informatique personnel et des outils de travail collaboratif. Mais, à l'évidence, cela ne sera pas suffisant pour contrebalancer les pertes de chiffres d'affaires sur de nombreux autres segment de l'industrie. D'ailleurs, mêmes des catégories qui ont profité de la mise en télétravail massive des salariés pâtiront de la crise sur l'ensemble de l'année. C'est le cas des PC, mobiles et périphériques dont les ventes devraient baisser de 8,8%. Certes, le marché des PC était déjà promis à une baisse avant l'épidémie de Covid-19, du fait de la croissance qu'il a connue antérieurement grâce aux nombreuses migrations de parcs en réaction à la fin du support de Windows 7. A l'inverse, le marché des smartphones étaient attendu en forte hausse cette année grâce au déploiement de la 5G.

Une croissance en trompe l'oeil pour les infrastructures IT

Malgré les situations sanitaire et économique actuelles, les investissements en infrastructures IT devraient tirer leur épingle du jeux avec une hausse de 5,3% cette année. Néanmoins, les choses doivent être nuancées. En effet, la croissance attendue va reposer exclusivement sur les souscriptions des entreprises à des services IaaS et sur les achats de serveurs des fournisseurs de services cloud. Mais les ventes globales de serveurs et de solutions de stockage matériels baisseront de 3,3%, tandis que les achats d'équipement réseaux se replieront de 1,7%. Lors des crises précédentes, les ventes équipements informatiques ont eu tendance à baisser plus que l'économie globale et à progresser plus que cette dernière en phase de reprise. « Cela tient au fait que les besoins qui créent la demande ne changent pas du jour au lendemain. Finalement, c'est le moment de l'achat qui est retardé. Mais l'importance prise par le cloud aujourd'hui devrait entraîner une volatilité moindre des dépenses », explique l'analyste d'IDC.

Comparaison des croissances réalisées et anticipées sur le marché mondial de l'IT par segments en 2019 et 2020. Source : IDC

Dans son ensemble, le marché des logiciels devraient lui aussi parvenir à faire mieux cette année (+2% environ) qu'en 2019. Là encore, cette croissance va être rendue possible par le mode hébergé, et, dans une moindre mesure, par une demande qui va perdurer pour certaines catégories d'applications. La plupart du temps, les investissement consentis vont être orientées vers des outils qui contribuent à la poursuite des activité des entreprises ou sur lesquels elle repose intégralement.

Le support et les services managés pas épargnés

Dans le secteur des services IT, le cabinet d'études anticipe une décroissance de 2% des facturations cette année. Le plus fort déclin va être enregistré dans le domaine des prestations orientées vers des projets que les entreprises ont mis à l'arrêt en attendant d'avoir plus de visibilité. Les prestations de support et les services managés finiront aussi l'année en baisse pour les mêmes raisons, bien qu'ils aient affiché une certaine résilience en début de confinement.