Après une série de rencontres dont sa visite à la PME normande Eldim, qui fournit la reconnaissance faciale de l’iPhone X, le PDG d’Apple Tim Cook a été reçu hier après-midi à l’Elysée par le Président de la République Emmanuel Macron. Le dirigeant californien avait lui-même sollicité cette entrevue il y a quelques semaines. Le contentieux fiscal entre Apple, la France et l’Europe ne pouvait qu’être abordé par les deux hommes. Ils ont également évoqué d’autres sujets plus consensuels, comme l’éducation et l’accompagnement de start-ups. Le différend fiscal s’est encore aggravé ces derniers jours puisque la Commission européenne s’apprête maintenant à assigner l’Irlande devant la Cour de Justice de l’UE pour non récupération de 13 Md€ d’avantages fiscaux perçus illégalement par la firme californienne entre 2003 et 2014. Néanmoins, à l’issue de l’entrevue, l’Elysée a assuré qu’un « dialogue constructif » se nouait avec le groupe californien et que l’on n’était « pas dans une impasse ».

Au cours de leur entretien de 45 minutes, Tim Cook et Emmanuel Macron ont également abordé les initiatives qu’Apple pourrait engager dans l’Hexagone, ainsi que le rapportent nos confrères d'Europe 1, notamment dans l’éducation avec le programme « Le code à la portée de tous », déjà mis en pratique dans certaines écoles outre-Atlantique. La prochaine arrivée d’Apple à Station F, l’incubateur à start-ups ouvert par Xavier Niel sur le site de la Halle Freyssinet, a aussi été évoquée. La firme californienne pourrait apporter son aide sur le développement d’applications pour l’App Store. Avant de rencontrer le président de la République, Tim Cook avait notamment rencontré des équipes de développeurs Apple (My Little Paris, Coach Guitar). L'entretien avec le président français a également porté sur des questions d'écologie. Cette visite en France est la 2ème de l’année pour le dirigeant d’Apple qui y était déjà venu en février dernier.

L'Europe prépare une collecte unifiée de la TVA dans l'UE

Apple est l’un des A de l’acronyme Gafa, pour Google, Apple, Facebook, Amazon (ou Gafam si l’on y inclut Microsoft). Ce terme est couramment utilisé pour désigner ces grandes entreprises américaines du web qui réalisent d’énormes profits en Europe tout en esquivant l’essentiel des taxes qu’ils devraient y payer, à la faveur de l’optimisation fiscale que permettent des pays comme l’Irlande ou le Luxembourg. Cette situation, qui perdure depuis des années, a notamment conduit la Commission européenne à réclamer l’an dernier un redressement fiscal record de 13 milliards d’euros à Apple. Calculée sur la base des impôts que la firme aurait dû payer entre 2003 et 2014, cette somme doit être versée à l’Irlande où Apple a son siège social.

La semaine dernière, la Commission européenne a par ailleurs proposé la mise en place d’un système unifié de collecte de TVA sur l’ensemble de l’Union européenne. Celui-ci pourrait s’appliquer à partir de 2022 et permettre de faire payer au Gafa des taxes dans les pays où ils vendent leurs produits et y réalisent leurs bénéfices. Ce projet a été engagé à la suite d’une proposition faite par le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, avec son homologue allemand, auxquels se sont également ralliés 6 autres pays européens