Livré le 14 juin, Firefox 54 est une émanation du projet multi-processus de Mozilla lancé en 2009, nom de code « Electrolysis » (« e10e » en abrégé). Essentiellement, Electrolyse veut, comme le fait Chrome, répartir les tâches de navigation entre plusieurs processus mémoire. Jusque-là, Firefox avait organisé son interface utilisateur (UI) et tout le contenu en processus distincts - regroupant par exemple l'exécution de tous les onglets sous un seul processus - l’objectif étant d’éviter que le navigateur ne plante totalement en cas de défaillance d’un site Internet ou d’une application Web.

Cette fois, Firefox 54 a choisi de s’appuyer sur quatre processus pour exécuter les onglets du navigateur, assignant à chacun un espace de mémoire CPU. « En traitant chaque onglet par un processus distinct, nous optimisons l’usage du hardware de l’ordinateur, en conséquence de quoi Firefox est capable de naviguer sur le Web de manière encore plus fluide », a assuré dans un blog de l’éditeur Nick Nguyen, chef de produit Firefox. Celui-ci affirme aussi que Firefox 54 est « la version la plus aboutie » jamais produite par Mozilla.

Utilisation de la RAM optimisée 

Sauf que l’architecture multi-processus a un inconvénient : elle augmente la consommation de mémoire par le navigateur. C’est ce qui avait d’ailleurs valu à la pré-version « e10 » de Firefox de nombreuses critiques. Mais Nick Nguyen affirme que la mouture 54 utilise « beaucoup moins de RAM » que ses concurrents, à savoir Chrome de Google, Safari d'Apple et Edge de Microsoft. Ryan Pollack, un responsable marketing produit de Mozilla, explique par ailleurs que la limitation à quatre processus représente un bon compromis, car elle permet une consommation moyenne des ressources mémoire, ni trop basse ni trop élevée. Autrement dit, un équilibre parfait entre performance (beaucoup de processus) et consommation de mémoire (quelques processus). « Firefox est limité à quatre processus de contenu. Ce rapport conviendra à la plupart des utilisateurs de Firefox », a déclaré Ryan Pollack. « De plus, cette limitation à quatre processus laisse à l’ordinateur une bonne réserve de mémoire pour exécuter d’autres applications que Firefox ».

 

Mozilla affirme que la technologie multi-processus choisie pour Firefox – limitée à quatre processus de contenu pour exécuter les onglets – permet au navigateur de consommer moins de RAM que Chrome. C’est aussi une approche plus intelligente, selon l’éditeur. (Crédit : Mozilla)

Chrome a adopté le mode multi-multiprocessus depuis son lancement en 2008. Parce que chaque onglet est associé à un processus distinct et que chaque processus a besoin d’une certaine quantité de mémoire, Chrome consomme globalement beaucoup plus de mémoire que les autres navigateurs. Comparativement, Safari utilise un modèle multi-processus similaire, mais différent, et consomme moins de RAM que Chrome. Edge utilise également plusieurs processus. On comprend pourquoi Ryan Pollack a essentiellement comparé la consommation de mémoire de Firefox 54 avec celle de Chrome. Selon lui, dans un test impliquant 30 onglets, Chrome consomme jusqu'à 2,4 fois plus de RAM que Firefox. Par ailleurs, les utilisateurs dont la machine est bien chargée en RAM - plus de 8 Go, d’après Ryan Pollack - peuvent augmenter le nombre de processus de Firefox 54 en tapant about :config dans la barre d'adresse du navigateur et en changeant le paramètre dom.ipc.processCount.

Firefox devait rattraper son retard 

Si les ingénieurs de Mozilla ont consacré beaucoup de temps à « e10s » depuis deux ans, le projet a également montré à quel point Firefox avait été distancé par les autres navigateurs, Chrome notamment, mais parfois Edge aussi. Ces dernières années, Mozilla a connu plusieurs revers importants, dont des déconvenues avec son système d'exploitation mobile et dans une moindre mesure du fait de ses choix pour l’affichage de la publicité. Et malgré les efforts consacrés à améliorer Firefox, les avis restent incertains. C’est le cas par exemple de cet ancien CTO pour lequel Firefox n'a aucune chance de dépasser Chrome. Le mois dernier, Firefox représentait 12 % de tous les navigateurs utilisés dans le monde. C’est 5 fois moins que Chrome et 2 fois moins qu’Internet Explorer (IE) et Edge réunis. Pour Firefox, ce chiffre du mois de mai est le plus élevé de l'année, mais il est presque identique à la part de marché détenue par le navigateur il y a deux ans, signe d’une stagnation certaine.

Les utilisateurs finaux et les administrateurs IT peuvent télécharger Firefox 54 pour Windows, Mac et Linux à partir du site Web de Mozilla. Les navigateurs des utilisateurs existants seront automatiquement mis à jour.