Comme si l'espionnage à grande échelle de l'agence de sécurité nationale américaine (NSA) ne suffisait pas à susciter suffisamment d'inquiétude en matière de protection de la vie privée, voilà que les laboratoires de Fujitsuont fait savoir qu'ils avaient mis au point une méthode rapide pour effectuer incognito des recherches dans des données cryptées. La technologie utilise un mode de chiffrement dit homomorphique, lequel permet de traiter les données chiffrées sans avoir à les décrypter. La méthode de recherche développée par Fujitsu permet de traiter des lots de données à la vitesse de 16 000 caractères par seconde. Surtout, la recherche peut porter sur n'importe quelle séquence de caractères sans le support de mots clés comme dans un des labs d'Alcatel Lucent.


Le Labs japonais compte commercialiser sa technologie en 2015 et la vendre sous forme d'outil d'analyse. Fujitsu ne doute pas que celle-ci trouvera un usage dans un monde où il y a de plus en plus de données à traiter. Mais, si l'on en croit les chercheurs du Labs, cette technologie pourra protéger la vie privée. « Notre technologie est basée sur un chiffrement à clé publique », a déclaré Jun Kogure, directeur de recherche au Laboratoire de l'innovation sociale au sein du Secure Computing Lab de Fujitsu Laboratories. « Quand on génère une clé publique, on obtient également une clé secrète jumelée à cette clé publique. Pour faire l'analyse en elle-même, on a uniquement besoin de cette clé publique, que tout le monde peut obtenir. Mais, dans la mesure où les résultats de la recherche sont cryptés, seuls ceux qui disposent de la clé secrète pourront voir les résultats ».

Une méthode de recherche adaptée au séquençage de l'ADN

Les voleurs de données ou les espions qui tenteraient d'utiliser la méthode en seraient donc pour leurs frais, selon les chercheurs du Labs. « Ils peuvent toujours effectuer des recherches, mais sans la clef secrète, ils ne pourront pas utiliser leurs résultats », a confirmé le directeur de recherche du Laboratoire de l'innovation sociale. La méthode de Fujitsu se distingue aussi par le fait qu'elle n'est pas basée sur des mots clés préalablement enregistrés. En cela, elle modifie l'approche habituelle réservée à l'analyse des données cryptées. « La plupart des méthodes existantes utilisent des méthodes de recherche basées sur les balises, avec des mots clés préenregistrés et des « tags » qui permettent de vérifier si, dans la phase de recherche, le mot clé privé spécifié correspond à l'une des balises enregistrées », a expliqué Jun Kogure. « Notre technologie n'est pas basée sur la recherche par balise. Grâce à notre méthode de cryptage homomorphique, nous pouvons faire des recherches en texte intégral ».

La recherche par lot est réalisée en utilisant des chaînes de caractères chiffrés, et les résultats de la recherche sont eux-mêmes cryptés. Cela signifie que seuls les utilisateurs qui ont la clé de déchiffrement peuvent les lire. Parmi les applications possibles, le Labs mentionne la recherche séquentielle sur les filaments d'ADN. La méthode permettrait de préserver la confidentialité de l'information présente dans l'ADN tout en livrant un résultat utile. Elle pourrait être appliquée dans de très nombreux types de recherche sur l'ADN. La technologie de Fujitsu pourrait aussi servir à faire des recherches dans des résultats scolaires cryptés provenant de divers établissements à des fins de statistique par exemple.