Les solutions de monitoring des performances applicatives ont évolué au cours des derniers mois avec la rénovation de certaines offres historiques enrichies de fonctions analytiques, d’apprentissage machine et de versions cloud, expose Gartner dans son dernier rapport sur le sujet, tout juste publié. Le cabinet d'études estime en conséquence que les différences sont moins flagrantes entre les catégories leaders et challengers figurant dans son Magic Quadrant de mars 2018. Le nombre de processus numérisés ne cesse de progresser et le cabinet d’études estime que 20% de l’ensemble des applications d’entreprise seront gérées à l’aide d’une suite d’APM d’ici 2021, contre seulement 5% l’an dernier.

Ce type de solutions couvre deux dimensions fonctionnelles. D’une part, le monitoring de l’expérience digitale (DEM), incluant du suivi en temps réel et une vision synthétique sur les utilisateurs web et mobile. D’autre part, la découverte d’applications, avec traçabilité et diagnostics (ADTD), permettant de comprendre les relations entre les serveurs d’applications, de cartographier les transactions qui s’établissent entre ces serveurs et d’inspecter les ressources en profondeur afin de pouvoir résoudre les problèmes. Un 3ème groupe de fonctionnalités, analytiques, sont rassemblées par Gartner sous l'appellation AIOps pour Artificial Intelligence for IT operations. Elles permettent d’identifier de façon automatisée les modèles d’événements, à travers du machine learning et des méthodes statistiques, et de détecter la source des anomalies de performance sur les transactions http/s gérées par les serveurs Java et .NET.

Dynatrace devance AppDynamics sur la vision

Parmi les fournisseurs, Dynatrace se place en tête des leaders de ce marché qui, selon Gartner, présentent la vision la plus complète et les meilleures capacités à mettre en œuvre leurs suites de gestion de la performance applicative (APM). Evoluant sur ce marché depuis 2005, Dynatrace est celui qui y génère le chiffre d’affaires le plus important. L’éditeur – détenu par Thoma Bravo - a largement investi dans le cloud, le suivi des containers et micro-services et il a noué des alliances avec des fournisseurs de clouds. La solution s’appuie sur une technologie d’agents et peut s’étendre au monitoring d’infrastructure et à l’analyse des logs. Sa nouvelle architecture propose une interface unifiée plus facile à utiliser que la précédente.

En 2018, Gartner estime que Dynatrace s’est avancé en pole position sur la complétude de sa vision, mais il est devancé par Cisco sur les capacités de mise en œuvre au niveau mondial avec l'offre d'AppDynamics racheté il y a un an. Parmi les atouts de celle-ci, le cabinet d’études pointe les apports de la plateforme App iQ dont les fonctions d’analyse Business iQ font la différence pour les directions métiers. Le périmètre de la solution s’étend à l’orchestration et à la visibilité du réseau avec l’objectif de  fournir une vision de bout en bout, couplée à une automatisation, souligne Gartner. En revanche, le cabinet note des limites sur le versant préproduction, de même que sur le support du legacy, et les clients s’interrogent toujours sur l’intégration de l’offre dans le portefeuille réseau de Cisco.

CA Technologies a fortement investi en R&D

Juste derrière AppDynamics, l'éditeur New Relic conserve sa position dans le groupe des leaders sur la vision et les capacités à exécuter par rapport à fin 2016. Il propose une solution tout SaaS qui s’ajuste aux besoins des entreprises. Inconvénient pour les utilisateurs européens, celle-ci est uniquement hébergée dans des datacenters américains pour l’instant. L’hébergement est Europe est prévu pour 2018. Derrière New Relic, un 4ème fournisseur, CA Technologies, a rejoint ce carré de leaders après avoir procédé à des améliorations significatives l’an dernier sur sa solution (acquise avec Wily Technology en 2006). Cette avancée résulte d’importants efforts en R&D explique Gartner, avec le dépôt d’une vingtaine de brevets. Parmi les points forts de l’offre CA figure la découverte et présentation des topologies sur différents niveaux d’applications et d’infrastructure, avec projection sur des rôles. Le portefeuille comprend des solutions SaaS et on-premise.

3 acteurs entrants : Tingyun, ManageEngine et SolarWinds

Face à ces quatre leaders, quatre éditeurs sont placés dans un mouchoir de poche dans la catégorie Challengers du Magic Quadrant : IBM, Riverbed et Microsoft, suivis de près par Oracle, ces deux derniers éditeurs n’étant plus considérés par Gartner comme des éditeurs de niche sur ce sujet, contrairement à l’an dernier. Dans la 3ème catégorie, celle des fournisseurs de niche, le cabinet ne place pas moins de 7 solutions dont l’offre SaaS AutoPilot Insight de Nastel Technologies qui perd sa position de visionnaire par rapport à fin 2016 mais gagne un peu en capacité à exécuter. La force de Nastel, par ailleurs peu connu, est de prendre appui sur des diagnostics basés sur l’IA et de bien comprendre les environnements existants. En outre, il développe des fonctionnalités uniques d’APM pour les applications décentralisées basées sur blockchain.

Derrière Nastel arrive l’éditeur chinois Tingyun et sa solution SaaS, présent à 90% en Asie mais qui compte aussi des clients en Europe et Amérique du Nord, ainsi que ManageEngine, qui représente la division administration IT de l’éditeur Zoho, basé en Inde et très axé sur les entreprises de taille moyenne. L’offre de ManageEngine s’adresse à la IT et aux utilisateurs métiers. Avec Tingyun, il fait partie des nouveaux venus du carré magique. Tous deux ne figurent pas très loin de la catégorie des challengers, aux côtés de Nastel et du pure player Correlsense dont l’offre SharePath se déploie de façon automatisée. A leurs côtés, on retrouve BMC et Hewlett Packard Enterprise désormais qualifiés d’acteurs de niche. Entre temps, l’offre de HPE est passée dans la co-entreprise avec Micro Focus. Enfin, le 7ème éditeur de la catégorie est un nouvel entrant, SolarWinds, détenu par Silver Lake Partners et Thoma Bravo, et dont l’offre couvre le monitoring d’infrastructure, de réseau et d’applications à travers des environnements cloud et on-premise. Quant à la catégorie visionnaire du Magic Quadrant de ces solutions APM, elle ne comporte cette fois aucune solution.