Editeur spécialisé sur les solutions de gestion de la chaîne logistique (supply chain management, SCM), l'Américain JDA Software cherchait un repreneur avait-on récemment appris. Et c'est avec son concurrent RedPrairie qu'il fusionne finalement dans le cadre d'une transaction évaluée à 1,9 milliard de dollars. Le rachat devrait être effectif d'ici la fin de l'année. Les observateurs qui avaient spéculé sur les éventuels acquéreurs, évoquant notamment IBM et Oracle, sont peut-être surpris par le nom du repreneur.

RedPrairie fait à JDA une offre en numéraire pour acquérir l'ensemble de ses actions à 45 dollars l'une. Cela représente un bonus de 33% par rapport à la cotation du 26 octobre dernier. Il n'est pas sûr que les groupes potentiellement intéressés par JDA tentent une surenchère par rapport à l'offre de New Mountain Capital, le fonds privé d'investissement qui détient RedPrairie. Des acteurs comme Oracle ou SAP, par exemple, disposent déjà eux-mêmes d'un portefeuille conséquent d'applications de Supply Chain Management.

Le PDG de JDA Software pressenti comme CEO du groupe

Les deux éditeurs annoncent un chiffre d'affaires combiné supérieur à un milliard de dollars. L'acquéreur, RedPrairie, considère que le portefeuille de JDA, qui rassemble des solutions « pionnières » dans la planification de la chaine logistique, le merchandising et la tarification s'accordent parfaitement avec les siennes. Ses propres logiciels sont spécialisés dans la gestion de l'entreposage (warehousing), des équipes et des magasins. Il possède aussi des solutions dans le domaine du commerce électronique. Les deux sociétés estiment que leur fusion va représenter une combinaison unique de fonctionnalités pour les commerçants et les fournisseurs de produits, capables de répondre aux besoins de consommateurs « hyper-connectés et mobiles ».

C'est le PDG de JDA Software, Hamish Brewer, qui doit prendre la tête du groupe ainsi constitué lorsque la fusion sera achevée. Le PDG de RedPrairie, Michael Mayoras aura de son côté un siège au conseil d'administration.

JDA avait racheté i2 Software en 2009

Dans une lettre aux clients communiquée le 1er novembre dernier, Hamish Brewer cherche à calmer les craintes des utilisateurs de JDA inquiets de voir l'éditeur racheté par un fonds d'investissement privé. Il y souligne l'expérience de NMC dans la prise de participation et l'acquisition de sociétés qui se développent. RedPrairie a grossi de façon substantielle depuis son rachat par NMC, pointe notamment le CEO. Les deux éditeurs considèrent qu'il y a de nombreuses similitudes entre leurs cultures d'entreprise et citent notamment leur riche héritage dans l'industrie.

On se souvient qu'il y a quatre ans, JDA Software avait voulu racheter i2 Technologies, le pionnier des solutions de planification logistique, alors en difficulté. Mais en 2008, la situation économique très défavorable avait fait reculer l'acheteur. La transaction s'était finalement opérée à l'issue d'une série de rebondissements étalés sur plusieurs mois.

Des implications sur le marché de la Supply Chain

Si cette transaction se réalise, elle aura des implications importantes, estime Bob Ferrari, du cabinet Ferrari Consulting and Research Group. Tant sur le management des sociétés ainsi combinées que sur l'ensemble des technologies « best of breed » du secteur de la chaine d'approvisionnement. L'analyste explique sur son blog que dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, au sein desquelles les délais sont de plus en plus critiques, les processus de planification et d'exécution ont été contraints d'évoluer vers des processus contigus. Pour lui, l'annonce de la fusion entre RedPrairie et JDA Software vient confirmer cette tendance.

Dans une interview accordée à notre confrère Chris Kanaracus, d'IDG News Service, il estime que la fusion en cours « va faire monter les enchères » pour les autres acteurs de la Supply Chain, notamment les plus petits restant encore sur le marché. Il ajoute qu'il ne sera pas facile d'organiser ensemble les deux sociétés. « Ce sont deux entreprises très intéressantes, chacune a des innovations à proposer ».

De quelle façon les équipes de développement seront-elles combinées et dans quelle mesure les feuilles de route des produits en seront-elles affectées. Ce sont les principales questions en suspens pour Bob Ferrari. Il conseille aux deux bases installées de clients de ne pas bouger pour l'instant et d'attendre de voir comment la situation va évoluer.