Google semble prêt à se remettre en selle. Selon le New York Times, la société serait en train de préparer une offre pour travailler sur le programme Joint Warfighter Cloud Capability (JWCC), le successeur spirituel de l'initiative JEDI, qui a été annulée cet été. La firme est en quête d'un contrat de cloud avec le département américain de la défense (DoD), qui pourrait se chiffrer en milliards de dollars, selon des rapports. Le ministère avait initialement déclaré qu’il traiterait spécifiquement avec Microsoft ou Amazon, considérés comme les deux seuls acteurs capables de répondre à ses exigences. Le Pentagone ne ferme cependant aucune porte, laissant à Google un mince espoir. « Le gouvernement prévoit d'attribuer deux contrats - un à Amazon Web Services et l'autre à Microsoft - mais il a l'intention de les attribuer à tous les fournisseurs de services cloud qui démontrent leur capacité à répondre aux exigences du DoD ».

Le programme JWCC n’est pour l’instant que très peu détaillé mais il devrait être similaire au programme JEDI, l’objectif étant pour les opérateurs de cloud participants de « fournir de nouvelles capacités aux combattants de l'ensemble des forces militaires américaines ». Sur son site, le Pentagone annonce avoir besoin d'acheter des offres cloud et du support. « Le résultat attendu sera l'attribution de plusieurs contrats à livraison et quantité indéterminées (IDIQ) ». John Sherman, DSI par interim du DoD, a déclaré qu'il espérait que « d'ici à début 2025, le département serait passé à l'étape suivante : un contrat multifournisseur complet et ouvert, attribué de manière concurrentielle ».

Retour en arrière

Avec cet appel d’offre, Google renoue avec son passé. En 2017, Google avait dû se retirer du projet Maven, un programme du Pentagone utilisant le logiciel d’apprentissage automatique TensorFlow de Google pour analyser des images de drones militaires. A cette période, des milliers de salariés de la firme ont signé une lettre adressée à son CEO, Sundar Pichai, pour protester contre ce partenariat. La lettre dénonçait notamment l’usage de la technologie à des fins immorales selon les employés, pouvant engendrer des conséquences potentiellement mortelles. Google s’est donc retiré, expliquant ne pas vouloir servir une cause si mal considérée. Un an plus tard, le ministère de la Défense américain présente son projet JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure). Google se retire de l’appel d’offres, par peur de revivre une situation similaire, laissant Amazon et Microsoft s’affronter. C’est finalement Microsoft qui avait remporté la mise avec son cloud Azure.

Un titre remis en jeu cet été, début juillet, après que le Pentagone ait résilié le contrat pour le cloud JEDI avec la firme de Redmond. Par cette volonté de renouvellement, le ministère de la Défense américain a souhaité mettre un terme aux contestations devant la justice d’Amazon, grand perdant de cette bataille. De fait, Google, mais également Oracle et IBM ont sauté sur l’occasion pour revenir dans la course. Il s’agit donc d’un nouveau projet pour le cloud militaire américain, rebaptisé « Capacité de cloud combattant interarmes » (Joint Warfighter Cloud Capability). Les différents acteurs ont eu jusqu’à octobre pour soumettre leurs différentes propositions, le contrat devrait être attribué dans la foulée, au printemps 2022. 

Google a donc encore toutes ses chances, n’ayant jamais promis de ne plus jamais travailler avec le DoD. Le syndicat Alphabet Workers Union, dont la création a été influencée en partie par le conflit relatif au précédent contrat avec le DoD, a déjà annoncé qu'il s'opposerait à la participation de Google au projet JWCC.