Après des années d’outsourcing forcé pour baisser les coûts de fonctionnement des services IT, certains emplois semblent revenir aux Etats-Unis. C’est en tout cas ce que laisse entendre la dernière annonce d’Infosys. La société indienne de services informatiques s’engage en effet à mettre en place quatre « centres de technologie et d'innovation » et à embaucher 10 000 personnes aux Etats-Unis au cours des deux prochaines années. Cette décision ferait suite à la décision du gouvernement Trump de réviser les règles de visa aux États-Unis afin de favoriser la création d’emplois locaux.

Infosys a donc annoncé hier lundi qu'elle ouvrira quatre « hubs de technologie et d'innovation » aux États-Unis, en mettant l'accent sur des technologies de pointe telles que l'intelligence artificielle, l'apprentissage machine, l'expérience utilisateur, les technologies numériques émergentes, le cloud ​​et les big data. Le premier centre, qui devrait ouvrir en août prochain dans l’Indiana, devrait créer 2 000 emplois d'ici 2021 pour les travailleurs américains, en plus de stimuler l'économie de l'État.

5% des effectifs d'Infosys en Inde

La société prévoit d’embaucher des professionnels expérimentés et des diplômés récents d’universités cotées et locales, en plus de mettre en place des programmes de formation dans des domaines tels que l'expérience utilisateur, le cloud, l'intelligence artificielle, les big data et les offres numériques.

Le personnel américain que la société envisage d'embaucher au cours des deux prochaines années n’est qu’un petit pourcentage (5%) si on considère les 200 000 employés de la société à Bangalore (au 31 mars de cette année). La société, comme ses pairs HCL Technology, Tata Consultancy Services (TCS), Cognizant et Wipro, bénéficie d'un personnel peu coûteux en Inde, offrant des services aux clients du monde entier, principalement à partir des sites offshore dans le pays. Certaines de ces entreprises de sous-traitance ont récemment été critiquées pour avoir remplacé des salariés américains par des travailleurs moins payés en provenance du sous-continent indien.

Une gestion efficace des visas H-1B

Infosys et d'autres ont été examinés par l'administration Trump sur leur utilisation du programme de visa H-1B valable six ans (65 000 délivrés par an). Le président Trump croit que le programme doit être réformé car les visas sont actuellement attribués « dans le cadre d’une loterie totalement aléatoire ». Le président Trump demande que les visas soient remis aux candidats les plus qualifiés et les mieux payés et que le programme ne soit pas utilisé pour remplacer des Américains. Des entreprises comme Tata Consultancy Services, Infosys et Cognizant obtiennent la part du lion dans les visas par quotas, paient des sommes considérables pour les visas premium (réponses plus rapides) et demandent un grand nombre de visas dans le tirage au sort de la loterie, selon l'administration Trump.

La Nasscom (The National Association of Software and Services Companies) indique toutefois qu’il y a aujourd’hui un manque de main d’œuvre informatique dans les entreprises américaines. « Toutes les entreprises, les américaines, les indiennes et celles d’autres pays dans le monde, ont tendance à embaucher localement et à combler le fossé des compétences en demandant à des employés hautement qualifiés de venir temporairement travailler aux États-Unis avec le H-1B ou un autre visa », a déclaré récemment la Nasscom. Cette dernière précise que le personnel des entreprises indiennes bénéficiant d’un visa est payé en moyenne 35% de plus que le salaire minimum prescrit (60 000 $ par an).

Une fondation pour développer le codage

Infosys a en outre déclaré qu'elle contribue également au développement des compétences en Amérique du Nord. Depuis 2015, plus de 134 000 étudiants, plus de 2 500 enseignants et près de 2 500 écoles aux États-Unis ont bénéficié de formations et de matériel informatique financés par la Fondation Infosys USA. Cette dernière s'associe également à des organismes sans but lucratif comme Code.org pour encourager le développement de compétences chez des millions d'étudiants.