« Un chirurgien en salle d'opération pourrait déplacer ses mains au-dessus d'un écran et mettre à jour les informations concernant un patient sans quitter l'environnement stérile. Ou encore, avec des capteurs reproduisant les gestes, une personne pourrait jouer à un jeu de société avec un adversaire situé à distance », a ainsi expliqué Craig Mundie, directeur recherche et stratégie chez Microsoft lors d'une conférence au MIT. « Les avancées technologiques en matière de capteurs et d'affichage vont changer la façon dont les individus interagissent avec les ordinateurs et vont entrainer la création de systèmes où les gestes suffiront pour diriger des machines », a t-il ajouté.

« En priorité, Microsoft envisage d'utiliser ces technologies d'interface virtuelle homme-machine dans l'univers du jeu, » a annoncé le directeur de recherche. Distribué en novembre prochain dans le monde entier et destiné à la Xbox 360, Kinect sera le premier système HUI (Human User Interface) de Microsoft pour contrôler les jeux par les mouvements et par la voix. « L'idée est d'éliminer les manettes de  jeu et de les remplacer par un système virtuel permettant de jouer tout à fait normalement », a-t-il dit.

Une technologie popularisée par Nintendo

C'est en 2006 que Nintendo, avec sa console de jeu Wii, a popularisé le concept du jeu contrôlé par le mouvement. La télécommande sans fil permet de jouer à des jeux et de réaliser des actions sur un écran comme frapper une balle de baseball ou lancer une boule de bowling. Au cours des quatre dernières années, Nintendo a réussi à considérablement améliorer la précision de son système.

Microsoft travaille également sur les avatars, et a imaginé un individu virtuel avec lequel il serait possible d'interagir pour « stimuler l'expérience sociale », a-t-il déclaré.  Celui-ci a voulu également montrer que la technologie 3D, que chaque acteur des nouvelles technologies est en train d'ajouter à ses produits, s'accordait bien avec les interfaces virtuelles. C'est ainsi que certains participants dotés de lunettes 3D ont « joué » à acheter des produits virtuellement, les prenant, les regardant, et les plaçant éventuellement dans un caddie. Il a également montré comment, dans une émission de télévision en 3D, les téléspectateurs pouvaient participer à l'intrigue. Il a aussi testé des commandes vocales pour contrôler et interagir avec un ordinateur. «Prédire si des jeux ou des émissions de télévision de ce type seront adaptées aux interfaces virtuelles est difficile à dire, mais la technologie est là », a insisté Craig Mundie.

De nouveaux usages à venir

Microsoft prévoit en tout cas de s'intéresser aux apports de la technologie virtuelle homme-machine et de créer des systèmes en conséquence, comme c'est le cas par exemple en matière d'actions récurrentes, comme l'écriture d'une signature. « Nous étudions quelles types d'applications peuvent émerger de son utilisation », a t-il déclaré. Un autre système montré par Craig Mundie combine les images d'une caméra infrarouge et d'une caméra classique pour établir la "carte du squelette" d'une personne, plus des microphones pour les commandes audio. Dans le cas du système Kinect, les données sont envoyées à la Xbox 360 pour être traitées. « Nous n'avons pas intégré le processeur dans le système virtuel pour éviter d'en augmenter le prix », a précisé Craig Mundie. Pour l'instant Microsoft n'envisage pas d'adosser ses systèmes au cloud computing pour prendre en charge le traitement des données recueillies par les systèmes HUI. « La plupart des interactions virtuelles seront calculées localement » a-t-il préconisé, ajoutant que dans l'avenir, il pense plutôt à un couple « client et cloud pris comme une entité unique. Les entreprises et les utilisateurs ne veulent pas payer pour la bande passante utilisée pour transmettre des données pour le traitement à distance et les problèmes de latence liés au cloud computing laissent penser qu'une bonne interaction est peu probable » a déclaré Craig Mundie. «  Les êtres humains sont très sensibles à la latence. »

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