Pour développer en un week-end une application digne de rivaliser avec les travaux présentés par quelques 550 développeurs toutes catégories - des pros et des amateurs - dans le cadre du concours TopDev, pas besoin d'être une «pointure» déjà reconnue. « Notre point fort et ce sur quoi le jury nous a retenu, c'est la clarté de la programmation. Qu'à la simple lecture du code, n'importe quel développeur soit capable de maintenir l'application », raconte Pierre Perrier, l'un des deux membres du binôme classé quatrième au TopDev 2007, élèves-ingénieurs en 1ère année de l'école ESME-Sudria (Ivry). Pas peu fier, à 20 ans, de figurer au palmarès « à trois places d'un docteur en informatique ». Avec Germain Pigeon, il a déjà à son actif une première participation au concours. « Mais l'an dernier, étant en classe prépa, on n'avait pas eu le temps de finir». Cette année, entre deux activités extra-scolaires (projets de la Junior Entreprise Gers de leur école), ils ont misé sur leur maîtrise naissante de la technologie Ajax. « Ce n'est pas ce qu'on nous apprend à l'école », précise Pierre Perrier. Mais l'immersion dans la technologie, « afin de programmer un jeu sur Internet relativement complexe, en tant que moyen de progresser rapidement dans la pratique » leur a suffi pour développer les bons réflexes. A commencer par la fréquentation assidue d'Internet pour profiter de l'apport du développement communautaire qui leur sert notamment pour la programmation et la maintenance du jeu de rôle multijoueurs « Chroniques Daevry » (en référence à leur ville Ivry). Des passionnés d'informatique en cursus ingénieur généraliste « Concernant Ajax, j'avais acheté deux-trois bouquins, mais on n'y apprend pas grand chose. En revanche, en naviguant sur Internet, on a repéré ce qui était efficace, on a cherché à imiter, à refaire de notre côté, et on a commencé à utiliser des frameworks, dont Prototype, bien maintenu par une communauté, et qui incluait d'emblée les trois-quarts des outils dont on avait a priori besoin pour le développement visé dans le contexte de TopDev. Et on a apporté ce qu'il fallait de modification à ce framework pour les circonstances du concours», commente l'étudiant. Seul obstacle pour pousser plus loin l'expérience en contribuant ultérieurement à la communauté Prototype: le niveau d'anglais. « Pas facile de discuter technique, direct, en anglais », regrette-t-il. Il n'empêche : à l'heure dite pour TopDev, le week-end du 24-25 mars, le binôme était prêt pour le marathon de 58 heures, la durée prévue par l'organisation du concours. Et en pur « autodidactes », ainsi qu'ils tiennent tous deux à se présenter, ils ont produit l'application retenue par le jury pour le trophée remis par l'un des sponsors : lesjeudis.com. L'avantage qu'ils en retirent ? Ils n'en attendent guère de bonus pour leur scolarité. Bien que sponsor de l'opération TopDev 2007, l'école ESME-Sudria n'a rien à voir avec la solide motivation et l'enthousiasme de ce binôme. « Avant, en tant qu'étudiant dans une école d'ingénieur généraliste, quand on disait qu'on savait programmer, on passait pour des amateurs, par rapport à ceux d'autres filières 100% informatique comme l'Epita. Maintenant, plus besoin de nous justifier, nos compétences sont validées », constate Pierre Perrier. C'est d'ailleurs précisément ce qui lui plaît dans l'informatique et qui l'a décidé d'emblée, tout en choisissant de suivre un cursus menant à un « vrai diplôme d'ingénieur », de s'orienter vers le métier d'informaticien. « Dès la terminale, j'avais compris qu'avec l'informatique, au lieu d'être jugé par des tiers, on ne peut que s'en prendre à soi-même : ça marche ou ça ne marche pas. Si ça ne marche pas, c'est que l'erreur vient de soi-même. Rien de tel, en plus, pour avoir un résultat rapide, visualiser au plus vite ce qu'on a fait ». De quoi entretenir la vocation et le contact avec d'autres passionnés. Selon l'organisateur de TopDev, Chrystel Coassin, au delà de pouvoir mentionner dans son CV que l'on est le gagnant d'un concours de développement, c'est l'intérêt majeur de ce genre d'événement : « en plus du goût du challenge dont les candidats font preuve, [...], cela encourage à rester en contact ». Un des lauréats de 2007, Andrei Toma, participe au concours et figure au palmarès pour la troisième année.