Le ministère de la Justice américain n'est plus un obstacle à l'acquisition de PeopleSoft par Oracle. Il en reste d'autres mais, déjà, analystes et investisseurs estiment qu'une voie vient être ouverte à la concentration entre éditeurs de logiciels.

La plainte antitrust du ministère de la Justice américain contre l'OPA d'Oracle sur PeopleSoft vient d'être rejetée par le juge chargé de l'affaire. D'autres remparts s'opposent encore à l'opération : l'enquête de la Commission européenne sur le sujet, le conseil d'administration de PeopleSoft et son programme censé protéger ses clients au cas de succès de l'OPA d'Oracle. Un programme actuellement attaqué en justice par Oracle qui y voit une manoeuvre pour rendre l'opération plus coûteuse. Le procès est prévu pour le mois de novembre.

Mais, les esprits changent depuis le rejet de la plainte du ministère de la Justice américain. Si, déjà en mars dernier, SAP avait apporté son soutien à Oracle contre l'administration américaine, l'éditeur allemand assure par la voix de son président, Henning Kagermann (photo), dans les colonnes du "Welt am Sonntag", qu'il considère aujourd'hui « une OPA de façon de plus en plus positive. De cette manière, nous aurions un concurrent sur lequel nous focaliser ». Une presque contradiction avec l'analyse énoncée par l'Allemand il y a six mois selon laquelle Microsoft compte comme un sérieux concurrent sur le marché des progiciels de gestion intégrés.

Par ailleurs, investisseurs et analystes semblent convaincus que le rejet de la plainte du ministère de la Justice américain ouvre la voie à une concentration du secteur. Ainsi, la plupart des cours des actions des éditeurs ont profité de cette annonce en fin de semaine dernière. Une conviction partagée par Gartner, selon qui, cette décision « va permettre aux éditeurs de revoir leurs projets de fusion et d'acquisition alors que les barrières antitrust s'amenuisent ». Microsoft et SAP, qui ont envisagé un rapprochement à la suite du lancement de l'OPA d'Oracle sur PeopleSoft pourraient reprendre leurs discussions. L'Allemand a également concédé en juin dernier « être plus ouvert qu'il y a quatre ou cinq ans à de petites acquisitions pour [se] renforcer sur un segment ou une technologie, voire un pays comme la Chine ». Plusieurs éditeurs ont déjà procédé à de modestes acquisitions ces derniers mois pour faire leur entrée sur de nouveaux marchés. Pour autant, selon Robert Stimson, de la Bank of America Securities LLC, « [la fusion PeopleSoft-Oracle] sera le premier pas vers une importante consolidation du secteur du logiciel d'ici deux à trois ans ».