Portée sur les fonts baptismaux sous une pluie de critiques, l’application StopCovid n’a pas connu un démarrage plus heureux pour faire taire ses détracteurs. En effet, Cédric O, secrétaire d’Etat au Numérique et l’équipe de StopCovid se sont prêtés à l’exercice du point d’étape trois semaines après le lancement. Et les résultats ne sont pas à la hauteur des enjeux.

Jugez plutôt, l’application a été téléchargée seulement 1,9 million de fois. Pour donner un indicateur de comparaison, l’application allemande équivalente a été téléchargée 6,4 millions de fois dès le premier jour (aujourd’hui, elle compte 10 millions de téléchargements). En France, StopCovid ne suscite donc pas l’adhésion et pour être efficace les spécialistes estiment qu’elle devrait être téléchargée par environ 60% de la population. On en est bien loin. Pire, le nombre des désinstallations sont en hausse pour atteindre 460 000. Cédric O pointe du doigt une faible communication pour explique ces maigres résultats.

Mais les questions les plus importantes restent les effets d’une telle application et son coût. Sur le premier point, 68 personnes se sont déclarées malades et 14 alertes ont été générées. Le secrétaire d’Etat s’est déclaré étonné quant à ce chiffre, en soulignant « nous devons nous pencher sur la façon dont les gens utilisent cette application en complétant le travail au travers d’enquêtes de terrain », c’est-à-dire avec des sondages auprès des utilisateurs. Cédric va donc mettre en place dans les semaines à venir un groupe de travail pour orchestrer ces études. Encore du budget dépensé auprès de consultants.

Une alerte au coût salé

Le second point où le secrétaire d’Etat était très attendu, c’est le coût de l’application. Il a rappelé en préambule que jusqu’au 2 juin, l’Etat n’avait rien dépensé sur StopCovid. Depuis, le lancement par contre un contrat-cadre a été passé avec différents acteurs : Outscale Dassault en charge de l’hébergement, Capgemini pour le pilotage de projet et enfin la start-up Lunabee qui se charge du développement et du maintien. Le coût mensuel de l’application est donc de 180 000 euros en intégrant notamment l’hébergement, la maintenance et le développement, le support utilisateur et les dépenses liées au déploiement (cf tableau ci-dessous). Rapporté au nombre d’alertes (14), le coût d’une alerte est donc facturé 12 857 euros, ce qui peut être considéré comme exorbitant. Cédric O reste néanmoins philosophe en expliquant que « l’équivalent allemand a coûté 20 millions d’euros et l’application de contact tracing britannique, 3,8 millions de livres ».

Dans les deux exemples cités, les applications se sont rapprochées des initiatives promues par Google et Apple. La question de l’interopérabilité a donc été posée à l’équipe de StopCovid qui a fait le choix du protocole Robert non reconnu par les autres pays européens. Lors du point d’étape, l’équipe StopCovid a indiqué travailler sur l’implémentation du protocole DESIRE au mois de juillet pour assurer cette interopérabilité. Pas sûr que ces efforts suffisent à redresser la barre et à empêcher le naufrage de l'app StopCovid.