Et de trois. Après deux volets consacrés à la mesure de l’empreinte environnementale du numérique en France, l’Ademe et l’Arcep ont rendu la troisième partie de leurs travaux communs. Elle est consacrée à une vision prospective à horizon 2030/50 en analysant différents scénarios pour guider les politiques publiques dans ce domaine.

Jean-Noël Barrot, ministre chargé de la transition numérique et des télécommunications a rappelé quelques chiffres dans ses propos liminaires : le numérique en France est responsable de 17 milliards de tonnes de CO², 52 TWh et une consommation de 952 tonnes de métaux/minéraux. Ces chiffres de 2020 ont servi de base pour mener les différentes prospectives. En sachant que les terminaux (smartphones, télévisions ou ordinateurs peu fabriqués en France) représentent à eux seuls 80% de l’empreinte carbone.

Un parc de terminaux et une écoconception maîtrisés d’ici 2030

Les deux autorités ont donc planché sur plusieurs scénarios en fonction du parc des terminaux (comprenant notamment les IoT), leur durée de vie, la consommation énergétique et les usages. Quatre scénarios en 2030 et 2050 ont été élaborés. Pour 2030, un premier scénario suit la tendance naturelle du marché, c’est-à-dire une hausse du parc de terminaux avec +65% des objets connectés avec un fort renouvellement des équipements.

Ce « laisser aller » aura comme conséquence une progression de 45% des gaz à effet de serre par rapport à 2020. Les deux estimations suivantes intègrent la notion d’écoconception qui améliore la durée de vie des terminaux de 1 à 2 ans, tout en gardant un parc en évolution. Cette optimisation est bénéfique pour la consommation énergétique en baisse de 33 à 50% . Enfin la dernière prévision plaide pour une sobriété totale, vertueuse sur le plan de l’impact environnemental, mais très difficile à mettre en place. Au regard, de ces analyses, Jean-Noël Barrot a indiqué, « il faut faire des efforts sur la durée de vie terminaux notamment sur les smartphones, les PC et les TV en les conservant deux ans de plus, soit 7 ans pour les PC, 8 ans pour les TV et 4 ans et demi pour les smartphones ». Il va même jusqu’à suggérer d’utiliser un vidéoprojecteur à la place d’une télévision. Le passage du réseau cuivre vers la fibre est aussi un axe de travail, selon Laure de la Raudière, présidente de l’Arcep, « un abonné fibre consomme quatre fois moins d’énergie qu’un client cuivre ».

Les différents scénarios pour 2030. (Crédit Photo : Arcep/Ademe)

Le parc IoT, une variable pour 2050

Pour 2050, l’exercice est périlleux souligne les deux organismes, car il est difficile de savoir comment sera l’IT à ce moment-là. Une fois ces réserves indiquées, ils ont dessiné 4 projections. La première, la plus pessimiste, parie sur une fuite en avant du numérique avec un parc d’IoT multiplié par 40 et une émission de CO² en progression de 370% par rapport à 2020. Un autre scénario est basé sur les technologies vertes, intégrant les effets positifs indirects de nouvelles technologies sur d’autres secteurs d’activité pour compenser la progression de ses émissions (par exemple le smart building). Cette orientation n’est cependant pas vertueuse avec une hausse des émissions de 186% de CO².

Les deux dernières prospectives promeuvent le changement de comportement avec une plus grande frugalité numérique (moins de smartphones (-20%) et un parc IoT constant) en  et une écoconception systématisée. Dans les deux cas, la consommation en ressources de minéraux et métaux recule, tout comme les besoins en énergie.

Les différents scénarios pour 2050. (Crédit Photo: Ademe/Arcep)