Invoquant la crainte d'un amalgame entre l'arrêt de l'annuaire 3611 et celui de tous les services minitel, France Télécom et la régie publicitaire PagesJaunes n'arrêteront pas ce service en mars prochain, comme annoncé en juillet dernier, mais vers 2011. Derrière les 19 millions de connexions enregistrées sur le 3611 en 2008 (25% du trafic total), ce qu'il reste de la télématique française continue d'être une PME de taille respectable. En 2007 - les chiffres 2008 ne sont pas encore disponibles - le minitel a généré un CA de 100 M€ au travers de 10 millions de connexions auprès de 4000 services encore actifs, dont 40% à caractère professionnel. Une goutte d'eau par rapport au milliard d'euros annuel de la fin des années 90, mais avec des équipements totalement amortis. A cette époque, la Cour des comptes avait publié un rapport qui stigmatisait le fait que l'argent public avait été dilapidé dans la production de près de 7 millions de terminaux payés par les impôts de Français. La Cour s'interrogeait sur la dimension de service d'intérêt général d'une télématique dont la moitié des revenus provenait de ce que l'on appelait pudiquement à l'époque les messageries roses. Le Minitel a retardé l'adoption d'Internet Dès lors que le terminal minitel a été facturé aux consommateurs, en 1993, le nombre de terminaux et d'heures de connexion a commencé à décroître. Mais, tant France Télécom que tous les prestataires de services tiraient d'impressionnants profits de ce boîtier télématique gratuit. En 2002, 689 millions de connexions (hors 3611) avaient généré un CA de 485 M€, dont 313 reversés aux éditeurs de service. En 1999, un autre rapport de la Cour des comptes montrait comment l'intérêt économique de France Télécom à entretenir la manne Minitel a conduit la France à prendre beaucoup de retard sur Internet. " La Cour a relevé que le choix de développer une offre Internet grand public (Wanadoo) avait été tardif et n'avait pas été sans comporter des incohérences... même si les décisions essentielles ont été prises en 1995, Internet n'a été une véritable priorité pour France Telecom que depuis l'exercice 1998. Cette priorité n'a été clairement affirmée qu'à la fin de 1997".