Une spécialisation axée autour de l’informatique quantique vient d’être créée à l’Epita. Destinée aux étudiants entrant en deuxième année du cycle ingénieur, la majeure Quantum accueillera une première promotion de 20 candidats en février prochain sur le campus parisien de l’établissement. Son but ? Apporter aux futurs diplômés de l’école une expertise des technologies et architectures quantiques avec des mises en applications dans les domaines suivants : informatique, cryptographie, communication, capteurs et simulateurs. Quantum vient compléter pas moins de 15 autres majeures faisant partie du parcours ingénieurs sur 5 ans de l’Epita au niveau national. L‘école proposait depuis plusieurs années une mineure quantique, dispensant 39 heures de cours, et animée par un des spécialistes du domaine, Olivier Ezratty. En parallèle, elle discutait avec la plupart des industriels du secteur sur l’opportunité de passer à l’échelle supérieure, et de proposer à ses étudiants ingénieurs une véritable spécialisation. De là est née la majeure Quantum à l’initiative de Philippe Dewost, directeur général de l’Epita.

« Cette spécialité en informatique quantique correspond à une logique d’ouverture à un public plus large d’élèves souhaitant des formations différentes du cursus classique ingénieur en 5 ans », nous indique-t-il. « L’école a récemment créé à Lyon et à Toulouse des majeures autour de l’intelligence artificielle et des systèmes embarqués. Elles ont pour ambition de former des experts en technologies pour accompagner les besoins en recrutement de grands acteurs locaux, par exemple à Toulouse dans l’avionique, l’aérospatial ou l’automobile ». De la même manière, la majeure Quantum vise à préparer des candidats aux enjeux de l’informatique quantique avec des mises en application. Selon le dirigeant, ces compétences exigent un socle solide et demandent un investissement d’enseignement substantiel tant sur le plan théorique que pratique. « Les états quantiques correspondent à des probabilités plutôt qu'à des grandeurs concrètes », nous explique Philippe Dewost. « De ce fait, l’approche des méthodes de développement en informatique quantique est complètement différente de la programmation habituelle », ajoute-t-il. 

Des cas d'usage autour de la cryptographie et des communications 

Les technologies quantiques nécessitent en effet une formation spécifique pour développer des compétences que la très grande majorité des ingénieurs sur le marché du travail, aujourd’hui, n’a pas. D’où la mise en place d’un parcours réparti sur 3 semestres consécutifs, et mobilisant plus de 700 heures d’enseignement suivies d’un stage de fin d’études. Pilotée par Axel Ferrazzini, cette spécialisation de dix-huit mois passera en revue les technologies et la programmation logicielle quantique, avec des cas d’usages. A titre d’exemple, des enseignements en cryptographie « post-quantique » ont pour objectif d’accompagner les sociétés et gouvernements dans leur transition en cybersécurité vers un environnement résistant aux attaques quantiques de demain.

Ce cursus apportera aussi une connaissance approfondie des communications quantiques incluant la maîtrise de la distribution de clefs spécifiques pour former des experts de la sécurisation des télécommunications. Une sensibilisation toute particulière pour les architectures hybrides alliant calcul haute performance et ressources quantiques y sera apportée pour les préparer à la diversité des futurs déploiements. L’équipe pédagogique est composée d’acteurs incontournables des technologies quantiques, alliant professeurs, chercheurs ainsi que des représentants de multinationales et start-ups.

Une collaboration avec divers acteurs du domaine

« L’enseignement des outils de développement quantiques clefs y sera assuré avec l’appui d’acteurs français incluant Alice&Bob, Atos, C12, CEA, Quandela, QuantFi, Pasqal, Thales et VeriQloud, ainsi que des internationaux comme AWS, Classiq, IBM, ID Quantique, Microsoft et Multiverse Computing », souligne Philippe Dewost. L’intégration en stage au sein des entreprises partenaires complètera la préparation des étudiants à une carrière dans divers secteurs d'activités (télécom, cybersécurité, quantum, finance, médical, énergie, aérospatial…) en rejoignant une multinationale ou une startup, voire en créant la leur.