Cela n'est plus à démontrer : le stage constitue un tremplin vers la vie professionnelle. La dernière enquête d'insertion des jeunes diplômés de l'Esiea (Ecole supérieure d'informatique électronique automatique) le confirme : 67,5% des étudiants de la dernière promotion de l'école ont signé leur premier contrat dans la société dans laquelle ils ont effectué leur stage. Face à ce constat, l'école d'ingénieurs emboîte le pas des ministères (Emploi et cohésion sociale et Education nationale, enseignement supérieur et recherche) et des partenaires sociaux qui ont signé un texte de référence destiné à encadrer les stages (Charte des stages) au mois de juin dernier. Elle appelle à la mobilisation sur une proposition : la création d'un label qualité stage qui repose sur la rémunération du stagiaire et la conversion de la période de stage en emploi. Cette mesure vise à valoriser les entreprises qui garantissent des stages formateurs aux étudiants, assurent parfaitement leur mission d'encadrant et qui en font des périodes de préembauche. Comme le souligne Pierre Aliphat, directeur de l'Esiea, « le stage est une période de formation cruciale à utiliser de façon saine. Nous constatons une dégradation de l'insertion professionnelle des jeunes depuis dix à vingt ans. Ils accèdent moins vite à l'emploi et dans des conditions plus précaires. Dans ce contexte, les stages apparaissent comme la meilleure porte d'entrée vers un CDI ». Taux de conversion des stages en emploi Concrètement, Pierre Aliphat propose de mesurer par des indicateurs les pratiques des entreprises au niveau de l'accueil des stagiaires : le taux de conversion des stages en emploi et les rémunérations proposées. Il entend mobiliser l'enseignement supérieur autour de ce projet ainsi que des entités professionnelles représentant les entreprises comme le Syntec, qu'il a sollicité. Des stagiaires facturés comme des salariés Avec cette proposition, il s'attaque à un problème bien connu des étudiants, quels que soient les secteurs professionnels : le recours excessif et sans contrepartie à des stagiaires par les entreprises. Celles-ci doivent proposer aux jeunes une mission qui s'inscrit dans le projet pédagogique de leur école. De même, il est d'usage d'indemniser le stagiaire en échange de son travail, même s'l n'y a pas d'obligation légale de le rémunérer. (Les entreprises versent couramment une indemnité de 30% du SMIC car elles ne versent pas de cotisations patronales en dessous de ce seuil). Malgré ces conventions, certaines entreprises prennent des stagiaires pour occuper des postes de salariés, sans se soucier de les former et/ou de les indemniser. Comme le rappelle Pierre Aliphat, « nous avons une liste noire des sociétés à éviter pour les stages. Elle intègre des SSII qui ont pris des stagiaires sans les former et les ont facturés à leurs clients en faisant croire qu'ils étaient diplômés ».