A cela s'ajoute la lutte contre les fraudes. François Nogaret note : « les fraudes passent toujours à un moment ou à un autre par le système d'information et peuvent donc être détectées par le système d'information, par exemple en étudiant les flux de données, leurs émetteurs et destinataires. »

Un grain de sable dans une botte de foin

« On voit trop souvent l'informatique comme quelque chose qui doit simplement marcher, sans se préoccuper de qui est aux manettes » dénonce Jean-Noël de Galzain, PDG de l'éditeur Wallix. Or ce sont les utilisateurs qui vont abuser de leurs droits pour commettre des actes préjudiciables à l'entreprise, bien plus souvent qu'il n'y aura un véritable piratage. Pour François Nogaret, le premier cas de fraude est constitué par une simple modification du RIB d'un fournisseur à qui l'entreprise va payer quelque chose. L'argent va donc être ainsi détourné au profit du fraudeur ou d'un complice. Si le montant est assez faible pour être noyé dans la masse, la détection sera rare et complexe.

La fraude peut notamment être grave pour les « super-utilisateurs », qui déterminent les droits des autres, et dont tous les actes doivent être tracés. Or les comptes d'administration des systèmes d'information métier sont souvent collectifs à tout un service. Dès lors, il est impossible de savoir qui a fait quoi. Jean-Noël de Galzain interroge : « dans ces conditions, à qui voulez-vous imputer telle faute disciplinaire ou tel délit ? » Comment engager des poursuites judiciaires ou même justifier des sanctions sans la moindre preuve ?

La sécurité minimale négligée

On est donc loin d'une sécurité minimale. 40% des entreprises ne contrôleraient rien de ce que font les prestataires intervenants sur leur système d'information selon le cabinet Mazars. Ces prestataires sont pourtant bien placés pour récupérer des données ou en corrompre sans être concernés par une survie de l'entreprise. De la même façon, les salariés ne partent pas toujours les mains vides.

Pour l'instant, les problèmes concernent surtout les systèmes d'information administratifs. Mais, désormais, les systèmes industriels sont de plus en plus reliés à l'ensemble du système d'information et, par-delà, connectés à Internet. L'affaire Stuxnet a pointé le danger que cela constitue. Un déréglage d'une machine industrielle peut avoir des conséquences plus gênantes (voire mortelles) qu'une simple modification comptable. Mais les audits réglementaires les négligent plus encore que les systèmes administratifs.