Pour la DSI, l'innovation n'est donc pas nécessairement coûteuse ou spectaculaire mais peut fortement améliorer le climat social. Mais l'innovation n'a bien sûr pas qu'un rôle interne.
Jean-Yves Leonnec a rappelé : « notre métier est très capitalistique puisqu'il s'agit de déployer des infrastructures -aujourd'hui la 4G et la fibre optique- qui vont être amorties au fil du temps. » Plus les réseaux sont performants, plus les applicatifs gourmands peuvent être déployés. Et plus des acteurs « over the top » (come You Tube et Facebook) peuvent utiliser les infrastructures avec leurs modèles économiques internationaux. « Nous, nous sommes sur un modèle de forfait alors que les acteurs over-the-top sont très consommateurs d'une bande passante qu'ils ne payent pas » a plaidé Jean-Yves Leonnec.

La concurrence entre opérateurs pousse à la construction de réseaux de plus en plus coûteux tandis que les nouveaux acteurs low cost réalisent une pression sur les prix de vente. Mais la valeur, elle, liée à l'innovation dans les services, serait donc entre les mains des acteurs over-the-top. Pour Jean-Yves Leonnec, « l'innovation doit donc, pour nous, servir avant tout à diminuer nos coûts ». Cette diminution passe par la rationalisation des infrastructures de type datacenters dans une logique de cloud computing. De 60 datacenters, le groupe devrait donc passer à 5. 100 millions d'euros de réduction de coûts récurrents annuels sont attendus.

Cela reste malgré tout insuffisant. Un changement du modèle économique de la transmission des datas mobiles semble donc inévitable. C'est ce qu'envisage Jean-Yves Leonnec à l'occasion du passage à la 4G. Ce changement repose sur des analyses pointues de la consommation. Ces analyses peuvent se faire grâce à des outils de type Big Data. Au delà de la question purement tarifaire, l'analyse sert aussi à assurer la qualité de service.
« La DSI ne peut plus se contenter de faire ce que les métiers lui demandent mais il lui faut être pro-actif et aider les directions métier à innover, en prioritisant les évolutions en fonction de la valeur business » juge Jean-Yves Leonnec.

L'innovation face à la législation

L'innovation doit cependant s'inscrire dans un cadre juridique. Encore faut-il que celui-ci permette l'innovation. Cette permission, au delà des considérants fiscaux, doit concerner aussi la rentabilisation des travaux de recherche et développement, donc de la protection de ces investissements.

L'avocat Thibault du Manoir de Juaye, spécialiste du droit de la propriété intellectuelle et de l'intelligence économique, a rappelé que le Brevet Européen et que les autres mesures sur la protection de la propriété intellectuelle constituent un vrai socle permettant l'innovation. Le coût de dépôt d'un brevet est passé, pour une protection au niveau européen, ainsi de 40 000 euros à 5000 euros grâce à ce brevet européen. Mais la belle enveloppe cache une vraie complexité procédurale, notamment au niveau de la gestion des litiges.
Une autre protection nécessaire est celle du « secret des affaires ». Or la récente loi sur le sujet se télescope avec les initiatives européennes et des jurisprudences.

Personne ne sait ce qu'il adviendra de ce sujet. D'autant que la vraie difficulté est de définir ce qu'il faut protéger. La DSI est au coeur du sujet puisque la protection est liée à l'investissement fait pour protéger, notamment en termes de sécurité informatique sur les données. 
Mais le vrai frein juridique à l'innovation viendrait peut-être du droit des salariés. Ceux-ci peuvent parfois prétendre à une part de la propriété intellectuelle à laquelle ils contribuent. Et les entreprises ne prennent pas toujours toutes les précautions utiles.