Pas moins de 4368 cursus proposés par 17 universités sur 182 sites, auxquels s'ajoutent 40 grandes écoles publiques : au vu du foisonnement qui caractérise l'enseignement supérieur en Ile-de-France, la Cour des comptes appelle, dans un rapport publié ce 20 novembre, à la « recomposition nécessaire » de la carte universitaire de la région. Toutes les disciplines sont concernées. L'éclatement géographique, cause d'un surcoût pour l'Etat et pour les usagers-étudiants, se double d'une complexité de l'offre de formations qui dessert plus qu'elle n'aide à l'orientation des jeunes et aggrave l'effet de dispersion des moyens. Le développement des formations « professionnelles » illustre l'effet d'émiettement et de stratification que fustige le rapport de la Cour. Pour le second cycle (licence professionnelle, master, ingénieur), on en dénombre 314 en 2005 (200 de plus qu'en 1998)... « sans que disparaissent dans des proportions comparables les formations désuètes ou en sous-effectifs chroniques ». Sans compter la myriade d'écoles privées qui complique encore la compréhension du système éducatif (tant pour les Français que pour les étudiants et observateurs étrangers). Besoin d'une "politique explicite, dotée de moyens conséquents Face à cet état des lieux, la Cour préconise, pour renforcer l'attractivité des universités, « d'articuler leur offre de formation autour d'établissements forts et visibles, capables de se mesurer à leurs concurrents étrangers ». Plus facile à résumer qu'à réaliser. L'alignement européen sur le système LMD (trois niveaux de diplômes, licence, maîtrise, doctorat) engagé depuis quatre ans, selon la méthode non directive voulue par l'Etat, n'est pas suffisamment probant et se solde, pour l'instant, par une démultiplication des diplômes. La place des grandes écoles dans le dispositif LMD est abordée dans cet état des lieux avec l'exemple des Ecoles normales supérieures qui ont transformé leurs anciens magistères en masters cohabilités avec des universités partenaires. Justement : il y a bien des rapprochements amorcés (cohabilitation de diplômes, constitution de pôles Paris Universitas, UniverSud Paris, Paris Centre Universités, Polytechnicum de Marne-la-Vallée, ParisTech pour les grandes écoles d'ingénieurs) mais sans que l'Etat se soit pour l'instant prononcé à leur égard. D'où le signal tiré par la Cour des comptes : la prise de conscience du manque de régulation, responsable historiquement de la dispersion actuelle, doit rapidement se transformer en « politique explicite, dotée de moyens conséquents » qui devrait, du même coup, permettre aux universités d'assumer le « surcroît d'autonomie » indispensable pour une refonte efficace de l'offre universitaire.