Les éditeurs de presse le redoutaient, et apparemment à juste titre : Google vient de décider d'ouvrir son service Google News à la publicité. Jusqu'à présent, Google se défendait de vouloir manger la laine sur le dos des journaux en ligne et autres agences et blogs, et mettait plutôt en avant le fait qu'il rapportait à ces derniers des milliers et des milliers de visiteurs. C'est ainsi que le moteur avait convaincu les grandes agences de presse d'enterrer la hache de guerre, alors que les éditeurs belges avaient pour leur part refusé de figurer dans Google News. Le moteur de recherches avait annoncé en novembre dernier qu'il testerait aux Etats-Unis l'inclusion de publicités dans d'autres services que son index général : la recherche d'images, la recherche d'informations financières... C'est désormais au tour de Google News. Josh Cohen, chef produit, explique sur le blog officiel de l'entreprise que Google « a toujours dit que nous dévoilerions ces changements lorsque nous pourrions offrir une bonne expérience tant pour nos utilisateurs que pour les éditeurs et les annonceurs, et nous continuerons d'étudier les différents moyens de publier de la publicité pertinente pour les utilisateurs, et bonne pour les éditeurs ». Dans le cadre de ce qui est testé actuellement aux Etats-Unis pour Google News, la publicité n'apparaît pas sur la page d'accueil, mais sur la page de présentation des résultats de la recherche. A priori, les éditeurs de presse ne sont pas contre la chose, dans la mesure où ils seraient associés au revenu produit, explique Philippe Jannet, le président du Geste (Groupement des éditeurs de sites en ligne), dans une interview qu'il nous a accordée. « Notre sentiment, indique aussi de son côté Gilles Lambert, chargé de la veille technologique de la FNPS (Fédération nationale de la presse spécialisée), est le même que celui de l'ensemble des éditeurs de presse : on serait toujours preneur d'un partage des revenus publicitaires. » Mais ce qui fait grincer les dents de ces éditeurs, c'est que Google n'a aucune intention de partager le chiffre d'affaires issu de Google News. Responsable communication de Google France, Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, précise que telle a toujours été la politique du moteur de recherches : « Il s'agit d'AdWords, à droite des résultats de recherche - qui n'interfèrent donc pas avec le contenu et ne sont pas intrusifs pour l'internaute - comme pour l'index général. Et nous n'avons jamais partagé le revenu des AdWords avec tous les sites apparaissant dans les résultats de recherche... » La réponse de Google aux éditeurs de presse : profitez des services Google pour monétiser vos contenus Pour Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, les sites d'actualité auraient plutôt intérêt à tirer profit des nouvelles formes de monétisation que le moteur offre. D'abord « en incluant Google News dans leur stratégie », comme LeMonde.fr, explique Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, pour qui Google News représenterait environ 10% du trafic. Ensuite, Google propose de numériser gratuitement les archives des journaux, ce qui leur fournirait plus de contenu à monétiser, et à Google plus de contenu à indexer. Dans tous les cas, Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce se défend de vouloir concurrencer les médias. « Contrairement à ce qu'on peut entendre, nous n'avons aucun intérêt à ce que la presse disparaisse, ce n'est pas notre métier de faire du contenu. Notre service nécessite un partenariat... je dirais symbiotique, avec les éditeurs de presse. »