Alors que 20% des doctorats délivrés en France, soit près de 2000 thèses par an, sont préparés dans les laboratoires des grandes écoles, le plus souvent en co-habilitation avec des établissements publics de recherche (universités, CNRS, Inria pour l'informatique), les dirigeants des écoles ouvrent le débat sur les changements de positionnement induits par la loi de programme pour la recherche et la réforme des études doctorales. Le colloque organisé les jeudi 18 et vendredi 19 janvier à Paris par la CDEFI (conférence des directeurs d'écoles d'ingénieurs) axe la réflexion à la fois sur la recherche partenariale et sur la formation par la recherche. Deux enjeux majeurs des relations entre écoles/universités et entreprises, à l'heure où l'innovation et la recherche sont des maîtres-mots de l'évolution des économies nationales. Parallèlement, le 19 janvier à l'INT d'Evry, l'option « ingénierie d'affaires internationales » invite enseignants-chercheurs, étudiants et représentants des entreprises à envisager l'évolution des pratiques pédagogiques sous l'éclairage du partenariat entre l'enseignement supérieur et le monde de la R&D et de l'innovation, et plus particulièrement les start-up's. Exemple des questions soulevées : à quelles conditions peut-on faire entrer les start-up's dans les salles de cours ? Quels bénéfices pour ces entreprises ? Quel statut théorique accorder à ces nouvelles pratiques pédagogiques ? Ce choix des thèmes de débats a par ailleurs le mérite de ne pas donner prise d'emblée à la polémique, au moment où le rapport d'une enquête commanditée par le ministère de l'Economie et des Finances et le ministère de l'Education et de la Recherche, (Le Monde, 15 janvier) remet sur le tapis les failles de la valorisation de la recherche en France. Un constat établi par deux inspecteurs généraux (Henri Guillaume et Jean-Richard Cytermann), confidentiel (seule la rédaction du Monde y a eu accès pour l'instant) et d'autant plus controversé qu'il néglige le distinguo entre recherche fondamentale et recherche appliquée. Les écoles d'ingénieurs, pour leur part, fortes de leur implication dans la recherche partenariale (un quart de leur budget de recherche relève de contrats avec les entreprises, 7% des collectivités, 13% de l'Europe, le reste de l'Etat) tiennent à réaffirmer que cette implication ne se cantonne pas - loin s'en faut - à la prise en compte de contraintes budgétaires. Elles étendent ainsi le champ de leur interrogation au positionnement respectif du contenu des formations et des diplômes d'ingénieur et de docteur, au moment où le recrutement à l'international s'aligne sur les niveaux master et doctorat, et alors que, rappelle le CDEFI, « la double compétence ingénieur-docteur est une authentique plus-value».