L'entité Prospective 2012 du G9+ a publié un livre blanc dans lequel elle émet une série de onze conseils pour aider l'industrie des TIC (SSII, opérateurs télécoms, éditeurs) à se développer à l'horizon de 2015 (les données utilisées ont été récoltées dans les 3 dernières années). L'association, qui réunit les anciens diplômés en TIC de grandes écoles françaises, a présenté cet ouvrage mercredi 1er juillet lors d'une conférence qui réunissait des DSI, des dirigeants de SSII, de Syntec Informatique, du Cigref et des analystes du cabinet d'études PAC (Pierre Audoin Consultants). Ce livre blanc rappelle que les industries TIC et leurs marchés représenteront à l'échelle mondiale plus de 2 500 Md€ à l'horizon 2015. L'écosystème français des TIC pèse de son côté plus de 150 Md€ de chiffre d'affaires et plus de 1,2 millions d'emplois (dont 60% de cadres). Le document souligne également que le secteur est le premier recruteur d'ingénieurs et de cadres dans l'Hexagone, avec 50 000 embauches en 2008, et que quelques groupes français apparaissent parmi les leaders mondiaux. Les SSII doivent se spécialiser, innover et se regrouper Le groupe Prospective 2012 souligne que le secteur des SSII est constitué de centaines d'entreprises employant entre 10 et 500 salariés et pas seulement de poids lourds. Le groupe de travail les encourage à « croire en leur avenir dans un monde économique qui évolue fortement ». Pour cela, elles doivent développer trois axes : investir dans la R&D et innover (dans les usages, les services et les technologies), privilégier la spécialisation métier (santé, sécurité civile, développement durable, transports...), et ce quelle que soit sa taille, et protéger leurs qualités propres, comme les relations de proximité avec les clients. Autre conseil publié dans le livre blanc, les petites et moyennes SSII doivent se regrouper si elles veulent éviter d'être avalées par les géants américains ou nippons. Comme toujours en période de crise, des leaders émergent alors que d'autres sociétés disparaissent. Le groupe Prospective enjoint les SSII à faciliter les restructurations en France, mais aussi à l'échelle européenne. Selon les participants de la table ronde, ces mouvements ne se feront pas avant 2010, voire 2011, le marché étant encore immobilisé dans un attentisme craintif. Elles subissent toutefois relativement bien la concurrence internationale puisqu'elles contrôlent 60% du marché français (contre 90% pour les opérateurs de télécommunication). L'accélération du SaaS et du cloud et le ralentissement de l'ERP « Les informations que nous avons analysées n'ont pas énormément changé avec la crise, explique Jean-François Perret, animateur du groupe et vice-président de PAC. La récession a essentiellement servi de catalyseur pour précipiter des tendances déjà en marche. » Des phénomènes comme l'industrialisation des services (un secteur qui génère 60% des revenus des SSII, soit trois fois plus qu'en 1980) et des technologies comme le SaaS, le cloud computing, le M2M (machine to machine), les applications 'x.0' (comme les réseaux sociaux) ou encore l'Internet mobile et les systèmes embarqués s'accélèrent. « Ces projets, prévus sur le long terme dans les entreprises, sont devenus des priorités à moyen terme voire à court terme », précise encore Jean-François Perret. Leur généralisation nécessite toutefois un effort de collaboration transverse de la part des acteurs IT (SSII, opérateurs, éditeurs), de manière à faciliter l'ouverture de nouvelles technologies et de nouveaux usages professionnels et domestiques. Bien positionnée sur le marché mondial de l'Open Source, la France est appelée à exploiter ses capacités en industrialisant une production qualifiée de « quasi artisanale » par le G9+. Toujours dans le logiciel, le groupe encourage les éditeurs à se concentrer sur deux autres secteurs : les applications développées pour les PME ainsi que les applications domestiques orientées jeux. La France excelle sur ce marché, mais il reste encore trop cantonné à l'univers de l'ordinateur et des consoles alors qu'il pourrait être déployé dans des applications au quotidien. D'autres secteurs en revanche ont tendance à ralentir, comme celui des ERP traditionnels ou l'externalisation. Même si l'offshore s'accapare toujours une partie du marché, il ne bénéficie plus du même engouement aveugle que les années précédentes. « Les entreprises sont à la recherche de modèles plus raisonnables, elles veulent améliorer leur rentabilité avec des solutions de proximité », relève Jean-François Perret chez PAC. Environ 250 personnes assistaient à la table ronde animée par 34 personnes et présidée par Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique. Le G9+ devrait publier une deuxième version de son livre blanc à l'automne prochain.