A défaut d'Internet, une base de connaissance interne

De plus, Watson n'a pas accès à Internet. Il contient l'équivalent de 200 millions de pages de contenus, structurés (anatomie, atlas géographiques...) et non structurés (tels que journaux, documents historiques, scénarios de films...). Il est également doté de connaissances élémentaires logiques, par exemple que la pluie est mouillée, qu'un père est toujours plus vieux que son fils et que quelqu'un qui est décédé ne peut revenir à la vie. Les questions à Jeopardy peuvent toucher à une multitude de catégories, allant du sport à l'histoire et à la littérature, en passant par la géographie, ce qui nécessite des connaissances générales très poussées. « Un algorithme très important est aussi celui de l'acquisition et de l'indexation dynamique de connaissances. Cela signifie que Watson s'améliore avec l'usage », affirme M. Paradis, rencontré à Bromont quelques jours avant l'affrontement entre la machine et l'homme.

L'ordinateur possède également la capacité de s'adapter à une catégorie. Si, à un moment durant l'émission, on recherche uniquement des noms de joueurs de hockey et que Watson ne l'a pas réalisé au début, il peut faire l'ajustement pour répondre aux questions restantes dans cette catégorie précise. Comme les mauvaises réponses à Jeopardy font perdre des points, Watson doit également autoévaluer le degré de confiance en ses réponses.

Préparer l'après-Jeopardy

Évidemment, l'objectif ultime derrière la conception de Watson est de réaliser une percée au niveau de l'intelligence artificielle qui permettrait à IBM de vendre des clones de son superordinateur pour divers types d'applications commerciales, industrielles ou publiques.

Éric Paradis explique que Watson pourrait par exemple servir de référence au niveau médical. « L'ordinateur, avec ses algorithmes et son architecture, pourrait contenir l'ensemble de la littérature médicale et tirer des conclusions à partir de symptômes, de résultats et de tous les outils à la disposition des médecins. Ces derniers ont accès à des connaissances phénoménales, mais qui ne sont pas toujours organisées. Le système pourrait alors intervenir », dit-il. C'est pourquoi IBM tient à ce que Watson soit capable d'évaluer lui-même sa capacité à donner de bonnes réponses. Dans le cas d'un diagnostic médical, la marge d'erreur est nulle.

Un match en deux manches

Après la première manche, Watson et Brad Rutter ont terminé à égalité avec 5 000 dollars chacun, alors que Ken Jennings a remporté seulement 2 000 dollars. Et lors de la seconde et dernière manche, Watson a pris le pas sur ses deux adversaires : le supercomputer d'IBM a remporté des gains d'un montant de 35 734 dollars contre 10 400 pour Brad Rutter et 4 000 pour Ken Jennings. Big Blue a indiqué qu'il reverserait cette somme rondelette à des oeuvres.