Selon le New York Times, les procureurs des différents états américains auraient reçu de la part de l'autorité antitrust fédérale un mémo leur demandant de rejeter une plainte déposée par Google à l'encontre de Microsoft. Google a confirmé qu'il avait adressé au département américain de la Justice (DOJ), en avril dernier, un livre blanc d'une cinquantaine de pages dans lequel il explique pourquoi, selon lui, Windows Vista, la dernière version du système d'exploitation de Microsoft, enfreint un règlement de 2002 portant sur les pratiques anticoncurrentielles. Les griefs de Google portent sur le moteur de recherche utilisé sur le poste de travail. Cet outil permet de retrouver des informations stockées sur le disque dur, dans les courriels ou d'autres sources d'informations personnelles. Google estime que la mise en place de Windows Vista rend plus difficile l'utilisation, sur le poste de travail, d'applications de recherche concurrentes à celle de Microsoft. Un mémo qui surprend certains de ses destinataires Selon le quotidien new-yorkais, le mémo reçu par les procureurs des différents états a été rédigé par Thomas O.Barnett, procureur général adjoint du département antitrust. Cette note a surpris nombre de ses destinataires. Des représentants officiels de plusieurs états ont indiqué qu'ils pensaient que la plainte de Google était justifiée et qu'ils ne se souvenaient pas avoir reçu jusque-là de demande de cet ordre de la part du département antitrust du DOJ. Le New York Times mentionne aussi le fait que Thomas Barnett a été, jusqu'en 2004, partenaire d'un cabinet juridique ayant représenté Microsoft sur plusieurs procès antitrust. Toutefois, il n'aurait pas été lui-même impliqué sur ces affaires et s'en serait volontairement tenu éloigné pendant un an à la suite de son arrivée au département antitrust pour éviter d'éventuels problèmes de conflit d'intérêt. Quelques dix ans après les tentatives gouvernementales de démanteler Microsoft, l'administration Bush a sensiblement changé de direction. Elle a défendu à plusieurs reprises la société de Bill Gates, tant aux Etats-Unis qu'à l'étranger, contre les accusations de conduite anticoncurrentielle. Le rejet de la plainte de Google en est la plus récente illustration. Des performances ralenties par l'usage d'un autre moteur de recherche Dans son livre blanc, Google développe deux arguments. Premièrement, il établit que les menus et boîtes de recherche proposés par Vista (disponibles à divers endroits dont le menu de démarrage et le gestionnaire de fichiers) fonctionnent uniquement avec le moteur de recherche et d'indexation de Microsoft. Deuxièmement, il explique qu'il est presque impossible de désactiver les fonctions d'indexation de Vista et qu'ajouter un second outil d'indexation équivaut à ralentir les performances du PC. Ces plaintes sont différentes de celles de Netscape, qui dans les années 90 avait pâti de la concurrence de Microsoft sur les navigateurs Web, notamment lorsque l'éditeur d'Explorer avait conclu des accords avec les fabricants de PC. Selon Rob Helm, directeur de recherche chez Microsoft (à Kirkland, Washington), Google pourrait avoir du mal à prouver ses accusations. Il juge hasardeuses l'allégation établissant que si deux logiciels ne fonctionnent pas ensemble, il doit s'agir d'une tactique anticoncurrentielle de Microsoft. « Je ne me souviens pas d'affaires antitrust passées portant sur des affirmations aussi larges ».