En cette période de crise et de confinements, l'automatisation de certaines tâches et les techniques d'analyses prédictives continuent de s'accélérer. Selon IDC, les dépenses mondiales en matière d'intelligence artificielle (IA) devraient ainsi doubler au cours des quatre prochaines années. Cette année, ces investissements représenteront plus de 50 Md$. En 2024, ils devraient ainsi atteindre plus de 110 Md$. Le taux de croissance annuel composé pour la période 2019-2024 serait ainsi de 20,1%.

« Les entreprises vont adopter l'intelligence artificielle pas seulement parce qu'elles le peuvent, mais parce qu'elles le doivent », estime Ritu Jyoti, vice-président du programme IA chez IDC. « Les entreprises qui deviendront "alimentées par l'IA" auront la capacité de synthétiser des informations (pour convertir des données en informations puis en connaissances), la capacité d'apprendre (pour comprendre les relations entre les connaissances), et la capacité de fournir des informations à grande échelle (en utilisant l'IA pour soutenir les décisions et l'automatisation) ».

L'Europe, 2e investisseur en IA

Les logiciels et les services représenteront chacun un peu plus d'un tiers de toutes les dépenses en IA cette année, les investissements matériels fournissant le tiers restant. La plus grande part des dépenses en logiciels sera consacrée aux applications d'IA (14,1 Md$), tandis que la plus grande catégorie de dépenses en services sera celle des services informatiques (14,5 Md$). Les serveurs (11,2 Md$) domineront les dépenses en matériel.

Sur le plan géographique, les États-Unis seront les plus dépensiers, avec plus de la moitié de tous les achats en IA tout au long de la période de prévision, avec en tête les secteurs du retail et de la banque. L'Europe occidentale sera la deuxième région la plus généreuse, avec en tête les banques, le retail et de l'industrie de fabrication discrète. La Chine sera troisième du podium des pays les plus friands d'IA, le secteur public en tête, suivi des banques et des services professionnels. Les plus fortes croissances des dépenses sur les cinq ans prévus se situeront au Japon (32,1% TCAC) et en Amérique latine (25,1% TCAC).

L'automatisation des processus RH a le vent en poupe

Pour IDC, les principaux cas d'utilisation de l'IA en entreprise sont l'automatisation du travail des agents du service clientèle, la recommandation et l'automatisation des processus de vente, de la prévention des menaces et des processus IT. Ces quatre cas d'utilisation représenteront près d'un tiers de toutes les dépenses consacrées à l'IA cette année. Parmi les cas d'utilisation qui connaissent la croissance la plus rapide, on trouve l'automatisation des processus des ressources humaines, de l'IT et la R&D dans le secteur pharmaceutique.

Le retail et les banques seront ceux qui dépenseront le plus en IA au cours des quatre prochaines années. Côté commerce de détail, les investissements seront concentrés sur l'amélioration de l'expérience client via des tchatbots et des moteurs de recommandation. Le secteur bancaire inclura des dépenses pour l'analyse et la prévention des fraudes, ainsi que pour des systèmes de recommandation. Les secteurs qui connaîtront la plus forte croissance des dépenses en IA au cours de la période 2020-2024 sont les médias, le public et les services professionnels.

L'IA pour lutter contre le Covid-19

Cependant, selon Andrea Minonne, analyste de recherche senior Customer Insights & Analysis pour IDC, indique que « le Covid-19 a provoqué un ralentissement des investissements en IA dans l'industrie du transport ainsi que dans les services personnels et de consommation, qui comprennent les entreprises de loisirs et d'hôtellerie. Ces industries seront prudentes avec leurs investissements en IA en 2020 car elles se concentreront sur la maîtrise des coûts et la génération de revenus plutôt que sur l'innovation ou les expériences numériques ». Les technologies d'IA restent cependant utiles dans cette crise pour suivre l'évolution de l'épidémie et la propagation du virus. « Certains gouvernements européens se sont associés à des start-ups pour déployer des solutions basées sur l'IA afin de vérifier l'application de leurs règles de distanciation sociale et évaluer si le public les respecte. En outre, des hôpitaux de toute l'Europe utilisent l'IA pour accélérer le diagnostic et les tests Covid-19, pour fournir des consultations à distance automatisées », ajoute M. Minonne.