Après une initiative similaire mais sans lien au niveau européen (ESA : European Software Association), des éditeurs de logiciels professionnels opérant en France viennent de créer l'Afdel (Association française des éditeurs de logiciels). Elle réunit actuellement neuf éditeurs (AIMS, Cegid, Dassault Système, Geac, Berger-Levrault, Microsoft, Navidis, Staff&Line, Reportive) et devrait en accueillir une vingtaine d'autres sous peu (dont Adobe, Cartesis, KXN, Eptica...).
Ces entreprises étaient déjà toutes représentées au Syntec, au côté de sociétés de service. « Le logiciel est, en terme de modèle économique, une industrie de production, pas une société de service mais nous travaillerons avec le Syntec en cas d'utilité, lorsque la question abordée ne concerne pas que le secteur de l'édition, par exemple en matière de droit social » a expliqué Viviane Ribeiro, présidente de l'Afdel et de Geac. Les éditeurs tournés vers le grand public ont cependant déjà leur association spécifique, le Sell (Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisir), qui reste séparée.
Le problème du « modèle économique » semble bien être au coeur de la brouille (minimisée par l'Afdel) avec le Syntec, dominé par les sociétés de service. L'Afdel n'a pas encore pris position officiellement sur la question du brevet logiciel mais force est de constater que seuls ses partisans sont membres, qu'un employé de Microsoft (Stephane Senacq) est contact technique du domaine Afdel.org et que l'éditeur Ilog, hostile au brevet, n'a pas même été contacté comme adhérer...
L'Afdel souhaite développer un rôle à la fois à l'attention de l'extérieur (lobbying, communication...) et de ses membres (partage d'expériences...). Marie-Laure Meunier, directrice de la communication de Dassault Systèmes, a ainsi déclaré que « comme nous disposons de services spécialisés, notamment juridique, à cause de notre taille, nous sommes tout à fait près à aider les plus petits éditeurs afin d'assurer la pérennité du secteur en France. C'est notre intérêt bien compris d'assurer la survie de notre propre écosystème. »
Communiquer et défendre l'image des entreprises françaises de ce secteur semble clairement nécessaire. Ainsi, Jamel Labed, porte-parole de l'Afdel et DG de Staff&Line, a raconté comment une responsable du capital-risque d'une grande banque française lui a déclaré que « le logiciel français est terminé, il n'y a plus que des américains ». « Sur un appel d'offres public, nous avions été choisis sur les plans technique et fonctionnel mais écartés au profit d'un éditeur américain parce que notre chiffre d'affaires annuel n'était que de 4 millions d'euros » s'est ému Didier Rochereau, DG de Reportive.
La grande diversité des acteurs sur des marchés très innovants et où la concentration des éditeurs ne s'est pas encore faite amène les clients à souvent se poser la question de la pérennité des éditeurs choisis et, partant, des solutions installées. Mener une réflexion sur le sujet sera une des missions de l'Afdel.