Si la plupart des entreprises s'appuient aujourd'hui sur des dispositifs numériques pour la communication interne et la collaboration, les approches unifiées, sur le modèle des digital workplaces, ne concernent pour l'instant qu'un quart des 377 entreprises françaises interrogées pour l'Observatoire intranet et communication digitale 2023 du cabinet de conseil Arctus.

Selon cette étude, les dispositifs en place sont majoritairement perçus par les employés comme des intranets d'information-communication classiques (37%), puis comme des intranets communautaires et collaboratifs (27%). Seul un quart des répondants considèrent les dispositifs déployés dans leur entreprise comme des digital workplaces, un terme qui renvoie à la fourniture d'une expérience réellement unifiée pour les collaborateurs. Toutefois, c'est parmi ces derniers que le taux de satisfaction des utilisateurs est le plus élevé.

Communication et lien social

Les intranets et leurs déclinaisons semblent bien ancrés dans les pratiques, 43% des répondants indiquant que ces solutions sont utilisées de façon régulière et 20% les considérant même comme un dispositif central. Pour les entreprises, le rôle premier de ces solutions est de fluidifier la communication interne (69%), suivi ex aequo par l'amélioration de l'efficacité opérationnelle et la capitalisation de connaissances (59%). Du côté des salariés, il s'agit en premier lieu de développer le lien social (59%) et de favoriser l'engagement (36%). En revanche, la part des répondants estimant que ces solutions contribuent à l'amélioration de la qualité de vie au travail (QVT) a chuté à 16%, contre 36% en 2021, en pleine crise sanitaire.

Par ailleurs, ces enjeux doivent être mis en perspective, 51% de répondants indiquant que des salariés non connectés travaillent dans leur entreprise. Et 93% de ces derniers ne se sentent pas concernés par les outils digitaux, principalement par manque de temps pour rechercher ou consulter des informations (52%), mais aussi faute de disposer des compétences adéquates (51%). Une marge de progression significative existe donc pour les entreprises qui souhaitent renforcer l'inclusion de ces employés.


L'étude réalisée par Arctus témoigne d'un fossé entre les collaborateurs connectés et les autres, très peu engagés en matière de transformation digitale.

En termes de solutions, Microsoft figure en tête des offreurs, avec 79% des répondants qui utilisent Office 365 (+7%). Les outils de Google arrivent loin derrière, utilisés par 8% seulement des sondés. Toutefois, 14% des entreprises et administrations interrogées ont opté pour d'autres solutions, une part en progression par rapport aux éditions précédentes. Les raisons avancées par ces répondants relèvent de la souveraineté numérique (76% d'entre eux), d'un choix militant (60%) et de questions de coûts (55%).

Renforcer l'engagement

Au niveau des fonctionnalités, près de neuf organisations sur dix disposent aujourd'hui du trio le plus populaire, constitué de la visioconférence, des espaces de travail collaboratifs et des messageries instantanées. Selon Isabelle Reyre, directrice associée d'Arctus, les fonctionnalités qui émergent visent aujourd'hui davantage à renforcer l'engagement des salariés. « La crise passée, la continuité des opérations est devenue une attente mineure (25%). On voit émerger des fonctionnalités favorisant l'engagement des collaborateurs comme les kudos, les likes et autres commentaires, la gamification ou encore l'idéation, etc. On constate que ces dispositifs accroissent sensiblement le niveau de satisfaction des utilisateurs », observe-t-elle.

La directrice associée pointe également le déploiement de l'IA générative dans les entreprises, qui va, selon elle, transformer au moins autant les pratiques de travail que la crise sanitaire. « Après le Covid, c'est au tour de l'IA de venir bousculer de façon profonde les façons de travailler. C'est un sujet de préoccupation majeure de la communication interne. Le langage naturel est désormais la langue d'échange avec l'IA qui répond en mode conversationnel. Il va être tentant de l'utiliser massivement pour produire des contenus. C'est donc la question de la validité de ces contenus qui va se poser, surtout si l'on n'a pas connaissance des sources. Après le RGPD, va-t-il falloir mettre en place le RGPC ou Règlement Général de Protection des Contenus ? », s'interroge Isabelle Reyre.