Dans leurs arguments de vente, les constructeurs de tablettes mettent en avant leur capacité à créer des documents et à gérer des contenus professionnels afin de forger une autre image que celle de l'usage domestique où priment les médias, la vidéo et les jeux. Mais ce recentrage sur la productivité des tablettes en milieu de travail a peu d'effet sur le comportement des utilisateurs. En effet, un sondage réalisé par IDC montre que seuls 8,7 % des acheteurs de tablettes envisagent de les utiliser en remplacement de leurs ordinateurs portables. Ce même sondage révèle que 58,5 % des répondants déclare avoir acheté une tablette pour l'utiliser en plus de l'ordinateur portable, et non comme matériel de substitution. L'enquête a été réalisée en ligne en avril dernier auprès de 299 consommateurs américains âgés de 18 ans et plus. « Les résultats de l'enquête auraient sans doute été différents si les utilisateurs interrogés avaient été plus jeunes, moins de 17 ans, dans la mesure où cette génération a grandi avec les tablettes, puisque le premier iPad est sorti en 2010 », a déclaré Tom Mainelli, analyste chez IDC et auteur d'un rapport sur le sondage. « L'attitude de cette jeune génération et sa manière de considérer l'usage des smartphones et des tablettes sont différentes », a ajouté l'analyste dans une interview.

Néanmoins, l'analyste reconnaît qu'il a été surpris de voir que seuls 8,7 % des personnes interrogées avaient choisi une tablette en remplacement d'un ordinateur portable. « Je pense que si nous reposons la question dans un an, ce pourcentage sera en hausse », a déclaré Tom Mainelli. « Aujourd'hui, une majorité d'utilisateurs estime encore que l'ordinateur portable est nécessaire pour faire tourner certains logiciels ou accéder à certains services », a-t-il déclaré. « Et même s'ils aimeraient remplir leur feuille d'impôts sur une tablette, ils ne se sentent pas suffisamment à l'aise avec l'outil pour franchir le pas. Mais cet usage élargi de la tablette va finir par s'installer, et nous voyons que les gens l'utilisent pour faire toujours plus de choses », a ajouté l'analyste d'IDC. « Dans le cadre professionnel, les utilisateurs ne peuvent encore se passer des ordinateurs portables et la plupart d'entre eux ne s'intéressent même pas aux possibilités offertes par la tablette. Ils s'arrêtent encore au fait que celle-ci n'est pas compatible avec le format Flash ou qu'ils ne pourront pas faire tourner plusieurs applications en même temps ». Tom Mainelli note avec intérêt que les deux ardoises Kindle Fire HDX annoncées la semaine dernière par Amazon mettent en avant des fonctionnalités professionnelles, comme un client VPN natif et le cryptage matériel et logiciel. « Amazon considère la question des capacités professionnelles avec plus de sérieux et cherche à proposer des tablettes faites pour l'entreprise », a-t-il déclaré. La même remarque s'applique aussi aux iPad et aux divers appareils sous Android. 

Les utilisateurs restent attachés à leur écosystème tablette


Selon IDC, en 2013, 190 millions de tablettes seront livrées aux détaillants. Globalement, la moitié environ tournera sous Android, l'autre sous iOS, et une maigre proportion sous Windows. La tablette d'Amazon tourne avec une version personnalisée d'Android (la dernière version de l'OS a été baptisée FireOS 3.0 Mojito). 35 % des répondants à l'enquête d'IDC ont déclaré posséder une tablette iOS, 26,4 % une tablette Android standard, 10 % une tablette Android personnalisée comme le Kindle Fire, 9,4 % une tablette Windows et 0,7 % une tablette Windows RT. Plus de 14 % ont déclaré qu'ils ne connaissaient pas le système d'exploitation de leur tablette. À la question « Dans le cas où vous décidiez d'achetez une nouvelle tablette, choisiriez-vous le même OS ? », 80,2 % des propriétaires de tablettes sous iOS ont répondu « Oui », suivis de près par les propriétaires de tablettes sous Windows qui ont répondu « Oui » à 78,9 %, contre 70 % pour les propriétaires de tablettes Android standards, et 68 % pour les propriétaires de tablettes Android personnalisées.

Selon Tom Mainelli, les résultats obtenus pour les deux types de tablettes Android sont probablement le reflet de la grande variété de tablettes tournant avec l'OS de Google sur le marché. On trouve aussi bien des tablettes sans marque autour de 80 euros que des tablettes avec écran Retina de divers fournisseurs à 499 euros, à un prix proche de l'iPad. Par exemple, la tablette Nexus 10 de Google est vendue 399 euros en version 16 Go. « Les propriétaires de tablettes Android haut de gamme sont aussi attachés à leur matériel et à son écosystème que les propriétaires de terminaux sous iOS », a fait valoir l'analyste qui se dit par contre surpris par la forte affinité pour Windows. « Une forte proportion de propriétaires de tablettes Windows sont prêts à racheter une tablette tournant sous ce système d'exploitation, à peine moins que les propriétaires de tablettes Apple ».