Le cabinet de recherche Gartner a récemment partagé quelques conclusions de son enquête annuelle sur l'intelligence artificielle (IA), à laquelle ont participé près de 700 répondants. Si la France ne figure pas dans l'étude, deux pays européens assez proches en matière de maturité digitale y sont présents, l'Allemagne et le Royaume-Uni, et les enseignements tirés de leurs réponses peuvent intéresser les décideurs français. Par exemple, selon l'enquête, 80% des répondants considèrent que les technologies d'automatisation peuvent s'appliquer à tout type de décision métier. Dans un tiers des organisations sondées, les outils d'IA sont d'ailleurs déjà mis en oeuvre dans plusieurs domaines métiers. « Ces résultats montrent que les entreprises sont en train de passer d'une approche purement tactique de l'IA à un déploiement d'ordre plus stratégique », affirme Erick Brethenoux, vice-président et analyste chez Gartner. Dans ces organisations, l'IA devient notamment un différenciateur clef sur le plan compétitif.

L'enquête révèle également que plus d'un projet d'IA sur deux (54%) réussit à passer de la phase pilote à la production, affichant une progression minime par rapport à l'édition précédente (53%). Sur ces projets, le passage à l'échelle demeure donc une étape délicate à négocier. Frances Karamouzis, vice-présidente et analyse chez Gartner, estime que l'une des difficultés est d'évaluer la valeur métier qu'apportent les algorithmes. Si 40% des organisations interrogées semblent en bonne voie de franchir ce cap, avec des milliers de modèles IA déployés, un autre enjeu ressort, celui de la gouvernance de ces modèles.

Une perception des freins pas toujours en phase avec la réalité

Les compétences en revanche ne semblent pas représenter un obstacle majeur aux projets d'IA, 72% des décideurs interrogés indiquant disposer des talents nécessaires ou pouvoir les obtenir. De façon similaire, les répondants sont peu préoccupés par les enjeux de sécurité et de protection de la vie privée, pointés par 3% seulement des sondés comme des freins majeurs. Pourtant, 41% des organisations ont déjà connu un incident de sécurité ou une brèche de données en lien avec l'IA. Sur ces questions de sécurité, un répondant sur deux s'inquiète en premier lieu des menaces émanant de tiers (concurrents, partenaires ou autres acteurs), alors même que dans les entreprises ayant vécu un incident, celui-ci venait dans 60% des cas d'un acteur interne. « Les organisations font souvent fausse route en matière de sécurité associée à l'IA, car la plupart des brèches proviennent de l'intérieur », a mis en garde Erick Brethenoux, rappelant de ne pas sous-estimer le facteur humain.