Très innovant dans le domaine des technologies automobiles appliquées, le constructeur de voitures de sport McLaren poursuit sa stratégie de véhicules connectés axée sur les capteurs IoT, l’Edge Computing et la simulation afin de doter plus rapidement ses véhicules de fonctionnalités innovantes. « Non seulement nous utilisons cette connectivité pour changer nos processus et le rythme de développement de nos produits, mais nous l'utilisons aussi pour assurer l’exécution de ces fonctions en optimisant la performance pour se rapprocher le plus possible du temps réel », a déclaré Jonathan Neale, COO du McLaren Group lors de l’IoT Solutions World Congress organisé à Barcelone du 29 au 31 octobre, un événement « dédié aux solutions industrielles de l'IoT dans des applications du monde réel ».

Le goupe McLaren, qui peut se prévaloir de 53 ans d'expérience dans la Formule 1, compte trois unités d’affaires dans les domaines de la course, de l'automobile et des technologies appliquées. Le département des courses a en charge la conception et le développement des véhicules de Formule 1, tandis que le département automobile, qui représente la majeure partie de l'activité de l’entreprise, fabrique des voitures de sport. Quant au département des technologies appliquées, le plus récent de l'entreprise - il a été lancé en 2014 - il consiste à vendre l'expertise en data science de l'équipe de course dans des domaines en plein essor comme l’IoT et l'apprentissage machine à des clients externes dans des secteurs comme l'aviation, la santé et la production industrielle.

L’edge computing en ligne de mire

Pour MacLaren, l'étape suivante de cette stratégie orientée vers la connectivité concerne le volet edge computing. Cette fois, l’objectif est de concentrer le traitement des données à la périphérie du réseau et donc plus près du véhicule. Cette proximité offrirait ainsi un meilleur accès aux données en temps réel, sans avoir à attendre leur traitement centralisé et leur retransmission aux utilisateurs finaux. Pour décrire les avantages de cette vitesse accrue des données pour l'ensemble du groupe, le COO a déclaré : « Pour vraiment réussir une belle course un week-end de Grand Prix, nous avons besoin d’exécuter l’information en temps réel sur des modèles, à la périphérie du réseau, donc nos besoins en edge computing sont de plus en plus importants et nous avons besoin des données des ingénieurs », a-t-il expliqué.

Jonathan Neale a bien conscience qu'il faudra pour cela revoir la conception et les modalités de fabrication des voitures de Formule 1 de McLaren. « L'avenir nous pousse vers « l'électrification » et les technologies qui s'y rattachent, c'est-à-dire les batteries, les moteurs et les logiciels liés à la sécurité », a-t-il déclaré. « Cela inclut des contrôleurs de domaine et une nouvelle architecture pour le véhicule qui permette de réaliser une plus grande part du traitement en edge. Cela signifie également que les modèles et toutes les lourdes tâches de traitements doivent être réalisées au plus proche du véhicule, si l’on veut être en mesure d’envoyer de grandes quantités de données ».

Dell, le partenaire technologique du constructeur, est devenu un élément essentiel de la stratégie « tout connecté » de McLaren. Déjà, l’entreprise britannique a adopté la plate-forme de calcul haute performance VxRack FLEX avec stockage flash pour ses charges de travail les plus exigeantes. Elle a également déployé des capteurs de roue et mis en place une distribution sécurisée des données qui s’appuie sur Isilon (stockage haut de gamme), pour répartir les données entre plusieurs fournisseurs de clouds publics.

Simulation de pilotage

Depuis longtemps également, le groupe McLaren expérimente diverses technologies de simulation pour guider ses processus de conception de véhicules. L'un des projets porte sur la simulation de véhicule à véhicule, qui permet aux ingénieurs de tester dans un environnement virtuel la conception de véhicules dans de multiples scénarios afin de pouvoir analyser rapidement l'impact sur les systèmes de suspension, de direction et de pédale.

Autre priorité pour l'entreprise : la simulation du pilote en boucle, qui permet à McLaren de recueillir les impressions des pilotes pendant des exercices de conduite en simulateur au cours de la phase de développement des châssis de ses véhicules. McLaren travaille depuis l’année 2000 avec la technologie de simulation. M. Neale a précisé que, grâce aux progrès accomplis dans le domaine de l'informatique et des capteurs, « McLaren a pu modéliser correctement l'environnement » et que « dès le milieu des années 2000, le constructeur disposait de simulateurs de conduite en boucle très efficaces ».

Normaliser pour les exigences industrielles

Le COO du groupe McLaren a également évoqué la nécessité d'élaborer des normes IoT à l'échelle de l'industrie. Mais selon lui, cette responsabilité incombe aux fournisseurs de technologie et non aux constructeurs automobiles eux-mêmes. « Les acteurs de l'infrastructure industrielle sont bien mieux placés que les utilisateurs individuels pour élaborer ces normes », a-t-il déclaré, pointant du doigt de potentiels conflits entre les différents constructeurs automobiles « si on les laissait élaborer leurs propres normes ». Ces dernières sont d’autant plus nécessaires que la communication entre véhicules continue de gagner du terrain et que le développement de systèmes complexes d'aide à la conduite (ADAS) s'intensifie. « Il serait préférable que les gros fournisseurs de technologie de l'industrie élaborent ces normes, ce qui nous permettra de nous concentrer sur la couche de données et sur le logiciel, et, concernant McLaren, sur le caractère unique de sa proposition », a-t-il encore déclaré.