Suite au rachat de VMware par Broadcom, les DSI ont assisté à une vaste refonte du catalogue et de la politique tarifaire du spécialiste de la virtualisation avec, bien sûr, de fortes augmentations de tarifs de licence et de support à la clé (((lien vers https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-broadcom-durcit-sa-politique-sur-les-licences-vmware-96406.html))). Certes, des grands comptes qui gèrent de gros volumes de VM ont pu renégocier des remises, parfois de lordre de 60 à 70 % comme le rapporte en exemple Daniel Garcia, head of advisory practice IT strategy & transformation chez Kyndryl sur un grand groupe qui dispose de 30000 VM. Pour les autres, surtout celles qui nont pas les moyens de négocier les prix de leur contrat avec l’éditeur et qui voient leur budget déraper, la tentation est grande de se tourner vers des alternatives. « Cette augmentation des prix opérée par VMware a effectivement déclenché des réactions, les entreprises sont dans une phase de réflexion mais le marché ne sest pas non plus retourné. On nous demande toujours du VMware et nos équipes certifiées y répondent », indique Philippe Pujalte, directeur général adjoint de lESN Inetum (ex GFI). Et dajouter: « VMware est un acteur dominant, ses parts de marché sont colossales, cela peut aussi déclencher chez certaines entreprises une notion dinsécurité. »  

Et si tous ces aspects aboutissaient finalement à un rééquilibrage du marché ? En partie oui car, à en croire nos intervenants, de plus en plus dentreprises franchissent le cap de la migration vers des alternatives à VMware. « Chez Inetum, nous le constatons depuis un an, nous avons migré plus dune dizaine de clients vers Nutanix, des labos, des institutions publiques, des sociétés de transports. Quant au ROI mesuré au travers de ces migrations, cest un gain moyen de 19 % sur le TCO et un ROI sur deux à trois ans », relève Philippe Pujalte. Même écho chez Enix, une société spécialisée, entre autres, dans le cloud, le DevOps et linfogérance. « Nous avons clairement plus de projets de migration vers Proxmox et nous en sommes convaincus, de plus en plus dentreprises françaises reconnues franchiront le pas dici peu comme la déjà fait Econocom (voir témoignage client ci-dessous). Il ne faut pas oublier que certaines sociétés attendent aussi la fin de leurs contrats, de plus, cest aussi loccasion pour elles de supprimer leur dette technique », souligne Aurélien Violet, chief marketing officer chez Enix. 

Quant à Olivier Lambert, dirigeant et co-fondateur de Vates qui supporte loffre open source XCP-ng, il constate, pour lheure, une vague de migration bien plus forte aux USA quen Europe, laversion aux risques est différente entre les deux continents avec une Europe toujours plus réservée et plus prudente. Un avis partagé par le porte-parole de Kyndrylqui temporise sur le segment des grandes entreprises: « Sur 2024, nous navons pas assisté à un grand bouleversement chez nos clients grands comptes en France, nous avons fait quelques PoC autour de MS Hyper-V et Nutanix. Cela dit, 2025 semble plus propice, il y a plus de cas concretsdepuis le début de lannée. »  

Un chemin qui peut être long et coûteux 

Pour nos interlocuteurs, la migration est un effort qui demande à se poser les bonnes questions et à cartographier lexistant, une migration ne ressemble pas à une autre. « Avoir la bonne organisation pour réaliser cette cartographie est un point important», signale dailleurs Olivier Lambert. « Plus lenvironnement de lentreprise est hétérogène, plus cest compliqué », ajoute aussi Philippe Pujalte. Pour Michael Warrilow, analyste et vice-président du cabinet Gartner, le chemin peut être long, coûteux et risqué. Dailleurs, il samuse même à comparer VMware au mainframe, en clair, un système omniprésent qui fonctionne bien, qui répond aux besoins métiers et difficile à quitter. En effet, pour lanalyste, lenvironnement VMware est compliqué à remplacer parce que l'éditeur a créé un large écosystème dans l'univers de la virtualisation que peu de concurrents égalent. On peut notamment mettre en avant une solution de stockage avec vSAN pratique et opérationnelle, la multitude dapplications certifiées VMware (ce qui nest pas forcément le cas pour les offres concurrentes), une mise en réseau SDN très agile avec NSX-T et son intégration BGP (Border Gateway Protocol), quant aux drivers gérés par VMware, ils sont nombreux et fonctionnent. Le cabinet Gartner estime quil faudrait au moins deux ans à une entreprise de taille moyenne pour se libérer d'une grande partie de sa dépendance à VMware, et jusqu'à quatre ans à une grande entreprise. De plus pour Daniel Garcia, un projet de migration peut coûter très cher surtout sil s’étale sur plusieurs années: « Entre linvestissement additionnel, la montée en charge du double run, le décommissionnement ou encore les compétences nouvelles à former, limpact financier est conséquent.» Selon une évaluation du Gartner, pour une entreprise exécutant 2000 MV et au moins 100 serveurs pour les héberger, la migration peut s’étaler sur 18 à 48 mois et pourrait coûter entre 300 et 3000$ par machine virtuelle.   

Déjà, certains décideurs convaincus malgré les défis 

Tous ces défis, les décideurs IT, qui ont fait le choix de migrer, les ont affrontés avec succès, cest le cas de Sébastien Lesimple, directeur de production IT chez Econocom, de Ludovic Tassy, DSI du Groupe Afflelou (voir les témoignages clients ci-dessous) ou encore de Nicolas Massey, DSI de la mairie de Colomiers. Dailleurs Nicolas Massey a récemment reconnu dans un post sur Linkedin quil ne fallait pas avoir peur de challenger ces solutions et de migrer quand on a trouvé l'alternative. « Oui, c'est chronophage de chercher. Oui, c'est un stress de changer nos habitudes et surtout celles de nos équipes. Mais c'est aussi s'ouvrir à de nouvelles réflexions qui amènent des améliorations. C'est aussi se sentir plus libre de changer, de savoir que nous ne sommes plus pieds et poings liés. Et cela se fait bien si nous sommes accompagnés d'un intégrateur de confiance.Il y a toujours un plan B, il faut juste le trouver et se lancer. »