Depuis le lancement de cette offre d'achat, Yahoo a déployé toute une panoplie de subterfuges pour échapper à son potentiel acquéreur, en faisant par exemple appel à ses actionnaires (dont il a en partie reçu le soutien), en blindant les conditions de départ de ses salariés en cas de réussite de l'OPA ou encore en se rapprochant d'AOL et même de Google. Yahoo a en effet décidé de prolonger le partenariat qui le lie au grand rival de Microsoft, en continuant de tester le service de publicité en ligne AdSense. Google peut d'ailleurs se frotter les mains. Après l'annonce de l'OPA, le moteur de recherche s'était en effet offusqué de l'éventualité d'un rapprochement entre Microsoft et Yahoo. Ironie du sort, c'est Microsoft lui-même qui avait fait mine de rassurer Google. Et depuis le 9 avril dernier, Yahoo a noué un partenariat avec ce même Google. Le moteur de recherche pantagruélique a de quoi se gargariser : il reste numéro incontesté de son marché, et Yahoo apparaît affaibli aux yeux du marché. Jerry Yang décidé à obtenir plus de Microsoft Les discussions ont pourtant failli prendre une bonne tournure entre Microsoft et Yahoo. Des dirigeants des deux sociétés se sont en effet rencontrés à deux reprises au courant du mois de mars. Les préliminaires n'ont toutefois rien donné. Au début du mois d'avril, Steve Ballmer, PDG de Microsoft, a décidé d'accélérer la cadence en lançant un ultimatum : si Yahoo s'obstine dans son refus, Microsoft s'adressera directement aux actionnaires du portail, s'engageant ainsi dans un véritable « proxy fight » (bataille de mandats). Ce mécanisme stratégique consiste à obtenir les procurations des actionnaires de l'entreprise cible afin de peser davantage lors des votes en assemblée générale, en modifiant la composition du conseil d'administration. Outré, Jerry Yang, PDG de Yahoo, a répondu du tac au tac à Steve Ballmer, en lui adressant une lettre dans laquelle il précisait qu'il ne bougerait pas d'un pouce : « Nous ne sommes pas opposés à une transaction avec Microsoft, mais uniquement si elle se fait dans l'intérêt de nos actionnaires. » Un message clair : Microsoft sous-estime la valeur de Yahoo, et s'il veut mettre la main sur la société, il devra débourser quelques milliards de dollars de plus.