Après la vive réaction des salariés de Deutsche Telekom à la proposition de leur direction, le 16 avril, d'une baisse de salaires en échange d'une garantie de l'emploi, c'est l'inquiétude des salariés de France Telecom qui justifie, à l'unanimité des syndicats, l'organisation d'une grève annoncée pour le 31 mai. Outre-Rhin, le puissant syndicat Ver.di s'oppose au plan de réduction de la masse salariale annoncé par l'opérateur (une économie évaluée entre 600 à 900 millions par an par la direction). Ce plan visant plus particulièrement les 50 000 salariés qui seraient transférés vers une structure T-Services, filialisée, avec allongement de la durée du travail pour certaines catégories de personnel et baisse de salaires (de 12% en trente mois) en contrepartie d'un engagement à maintenir l'emploi jusqu'en 2010. Une solution qu'a, par ailleurs, déjà avancé le constructeur Fujitsu-Siemens en Allemagne, avec une augmentation de 10% du temps de travail (à compter du 1er avril 2007), sans hausse de salaires, mais en échange d'une garantie de maintien des effectifs à 4 750 salariés sur les trois années à venir. Pour Deutsche Telekom, le syndicat Ver.di estime que cette combinaison des mesures d'économie pourrait se traduire pour certains par une réduction de salaire allant jusqu'à 40%. Les débrayages qu'ont suscité cette annonce (touchant une dizaine de milliers de salariés dès le 17 avril) pourraient, en cas d'échec des négociations, déboucher sur l'organisation d'une grève générale. Au delà d'une démonstration de solidarité à l'égard de leurs collègues allemands, l'ensemble des syndicats de France Télécom (CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, SUD), réunis le 16 avril, a décidé d'appeler les salariés à une grève pour le 31 mai prochain. A l'ombre du plan Next annoncé en février 2006 par le PDG Didier Lombard, qui inclut une réduction d'effectif de 17 000 postes dans le monde (16 000 en France, avec 22 000 départs naturels et 6 000 embauches) en deux ans, ce sont aussi et surtout les négociations sur les salaires et sur les conditions de travail qui achoppent. Selon les syndicats, en 2006, c'est avec 10 300 départs pour 2 400 recrutements que France Télécom a réalisé 7 900 suppressions d'emplois en France dès 2006. Le pourcentage de la masse salariale sur le chiffre d'affaires est passé de 20% en 2003, à 17,3% en 2006. A la clé, une baisse de pouvoir d'achat tant pour les cadres (2,1% pour l'enveloppe des augmentations individualisées) que pour les non-cadres (1,1% d'augmentation générale, l'inflation étant de 2,5% en 2006). Un constat, certes, non limité aux personnels des opérateurs historiques si l'on en croit les échos des négociations salariales lus sur les blogs des représentations syndicales d'autres opérateurs (Neuf Cegetel notamment).