« L'élaboration de ce projet n'a pas été facile » déclare la responsable européenne. Toutefois, elle espère que cela aidera les pouvoirs publics à éviter à long terme le dangereux verrouillage des marchés. « Il faudra aussi se préoccuper de la concurrence entre les acteurs sur les contrats de maintenance et services. Les Etats membres doivent avoir la possibilité de choisir des produits propriétaires » souligne la commissaire, mais de spécifier « mais en motivant sa décision, plutôt que de succomber à un élément de facilité ».

Graham Taylor, responsable de l'OpenForum, estime que les propos de Nelly Kroes vont apporter quelques changements dans le projet de l'EIF V2. « Elle est clairement au courant de la controverse sur la version qui avait fuité, il s'agissait d'une mauvaise version du projet » commente t'il. Pour mémoire, ce projet décrié ne comportait aucune allusion à des « standards ouverts ». Le responsable associatif a donc été ravi d'entendre la Commissaire européen utiliser plusieurs fois ce terme. Toutefois, elle a précisé que les mots ne sont pas un substitut à la mise en place d'une action politique. Ce qui importe est la substance. «  J'exhorte toutes les parties prenantes de se concentrer sur le contenu du paquet plutôt que sur l'emballage » dit-elle.

Un autre projet de Nelly Kroes est de rendre plus facile la précision des standards ouverts, dans les appels d'offres, pour les acheteurs publics. La réglementation européenne oblige ces derniers à se référer à des normes élaborées par des organismes reconnus, tels que l'ETSI, l'ISO ou certaines autorités nationales homologuées (AFNOR). Par contre,  les normes élaborées par l'industrie par des consortiums tels qu'OASIS, ECMA ou le W3C ne comptent pas. La Commissaire souhaite donc mettre en place un système de reconnaissance mutuelle sur les différents standards internationaux, basé sur « la transparence, l'équilibre, le consensus ». Si cela avait été le cas en 2008, il n'y aurait pas eu de bataille pour que l'ISO adopte ECMA Standard 376 aussi connu comme le format de fichier Microsoft Office Open Extensible Markup Language (OOXML). Car ISO avait reconnu préalablement le standard de l'OASIS, Open Document Format (ODF).

In fine, elle veut aider les administrations nationales à identifier leurs besoins réels, en spécifiant les produits sans référence à une marque ou à un distributeur. « Plusieurs structures administratives se sont retrouvées bloquées par des technologies propriétaires pendant 10 ans, c'est du gaspillage d'argent public alors que la situation actuelle ne le permet pas ».