L'Open World Forum 2013, sixième édition de la manifestation, s'est ouvert pour trois jours le jeudi 3 octobre 2013 au Beffroi de Montrouge, à côté de la toute nouvelle station de métro Mairie de Montrouge, dans la proche banlieue sud de Paris. Loin d'être une joyeuse fête de hackers, la manifestation organisée par le pôle de compétitivité Systematic et ses partenaires est orientée sur l'économie du logiciel libre avec une forte dimension institutionnelle.

« L'Open World Forum est une manifestation annuelle très importante pour notre pôle de compétitivité » a insisté Jean-Luc Beylat, président du Pôle de Compétitivité Systematic dont les activités sont pourtant très larges, du logiciel embarqué à la e-santé, Mais la section « logiciels libres » du pôle représente 112 entreprises, surtout des PME, et 240 millions d'euros de chiffre d'affaires. Stéphane Fermigier, responsable de cette section, a promis que celle-ci allait contribuer dans les années à venir à développer de véritables logiciels d'informatique de gestion d'entreprise, point faible actuel des logiciels libres. Cette promesse vise aussi à faire de la France un acteur majeur du marché des logiciels de ce type, domaine actuellement largement dominé par les éditeurs propriétaires américains.

Mais, malgré tout, ateliers et conférences permettent de multiplier les approches et les travaux plus pratiques, comme HTML 5 ou le big data, selon les trois axes « Think, code, experiment » (« penser, développer et expérimenter »). Le dernier axe est plutôt dédié au grand public et notamment aux jeunes pour leur faire découvrir les logiciels libres.

Fleur Pellerin (en photo), ministre déléguée à l'économie numérique, était annoncée mais son intervention en ouverture s'est faite comme souvent en vidéo (au dernier Forum Teratec par exemple). Elle s'est réjouie de la contribution de l'Open Source à l'attractivité de la France. L'innovation ouverte, base de l'Open Source, est pour elle une condition du retour de la croissance. « L'opposition stérile entre logiciels libres et logiciels propriétaires est dépassée » a-t-elle affirmé même si le gouvernement soutient fortement l'Open Source. Dans le même esprit, l'Open Data permet là aussi une innovation ouverte au bénéfice de tous.

Le poids économique considérable du logiciel libre

« Nous avons une conscience très aigüe du poids économique du logiciel libre en Île de France et à Paris, en création d'emploi ou en chiffre d'affaires » a quant à lui rappelé Jean-Paul Planchou, vice-president de la région Ile-de-France en charge du développement économique, de l'innovation et des technologies de l'information. La région continue la distribution de bureaux virtuels sur clés USB aux lycéens comme à soutenir des projets d'environnements numériques de travail, le tout bien entendu en logiciels libres. Mais Guy Mamou-Mani, Président de Syntec Numérique, a regretté que la région rechigne à lancer un Centre de Formation des Apprentis (CFA) consacré aux métiers du numérique alors que l'organisation patronale s'engage à amener de nombreux contrats d'apprentissage. « Les 38 000 chômeurs du secteur informatique tout comme les jeunes sans emploi pourraient ainsi être formés pour répondre aux besoins des entreprises du numérique qui cherchent à recruter sans y parvenir » a milité Guy Mamou-Mani, président de Syntec Numérique.

Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris chargé de l'innovation, de la recherche et des universités, a lui aussi rappelé à quel point le logiciel libre est important économiquement pour la ville mais pas seulement : « cette manifestation permet de mettre en lumière le poids économique mais permet aussi de porter les valeurs de la société de confiance et de partage, de la société de la connaissance. » La ville a d'ailleurs réalisé des logiciels pour son propre usage avant d'en ouvrir les sources et de permettre le développement mutualisé et partagé. Les outils autour du projet Dans Ma Rue ou de manière plus ancienne, le CMS Lutèce. Dans le même esprit d'enrichissement par le partage, la ville de Paris a elle aussi développé une grande politique d'open-data comme Jean-Louis Missika l'avait mentionné dans CIO.PDF 69.

L'esprit de l'innovation ouverte

On peut créer soi-même du logiciel libre ou bien acheter des prestations pour profiter de la base existante et l'adapter à ses besoins propres. « Utilisateur ou client, cela n'est pas important car l'essentiel est de bien comprendre les principes de l'innovation ouverte et du logiciel libre » a soutenu Jean-Séverin Lair, DSI du ministère de la Culture.

Philippe Montarges, président d'Alter Way, a rappelé que la manifestation voulait également promouvoir le logiciel libre auprès des étudiants en informatique, notamment via un concours dédié et un livre blanc. Il a insisté : « le logiciel libre peut être un accélérateur de carrière pour des développeurs. » Le besoin en formation aux techniques liées aux logiciels libres a d'ailleurs été souligné par de nombreux intervenants, notamment ceux du Cigref et du Syntec Numérique.