Deux semaines à peine après la tenue de la conférence annuelle d'Oracle, à San Francisco, le président du groupe américain, Mark Hurd, s'est déplacé à Paris pour relayer les annonces faites au début du mois. Un exposé bref, ramassé en quarante minutes, suivi d'un rapide échange avec les journalistes conviés à le rencontrer. En un temps si court, le dirigeant a juste énuméré quelques points saillants d'OpenWorld 2012 : la plateforme de cloud public bientôt déclinée en offre d'infrastructure (Paas et IaaS), l'arrivée des versions X3 des systèmes intégrés Exadata et Exalogic, la future version 12c de la base de données et l'extension de la suite de réseau social. Visite européenne oblige, Mark Hurd a tenu à rappeler que l'an dernier, alors que le marché s'inquiétait du contexte économique, Oracle avait lancé une campagne de recrutement de ce côté-ci de l'Atlantique, essentiellement pour pourvoir des postes d'ingénieurs et de collaborateurs en contact avec les clients (commerciaux, support).

Répondant ensuite à quelques questions, Mark Hurd a indiqué que, pour opérer son cloud public en Europe, Oracle disposait de deux datacenters, l'un situé en Ecosse (près d'Edimbourg), l'autre à Amsterdam. Questionné sur les solutions concurrentes aux systèmes intégrés d'Oracle, notamment les Pure System d'IBM et dans une moindre mesure HANA de SAP, le dirigeant a noté qu'il semblait que tout le monde poursuivait Oracle, désormais, sur le marché des appliances. Et pointé au passage le fort taux de compression de données, x10, mis en oeuvre sur l'Exadata. Le chiffre d'affaires annualisé issu de ces systèmes intégrés (qui regroupent Exadata, Exalogic, Exalytics, la big data appliance et le Sparc SuperCluster) a dépassé le milliard de dollars sur l'exercice clos fin mai 2012, soit deux fois plus que l'exercice précédent. Des ventes que la société veut encore doubler cette année, ce qui a commencé à se faire sur les trois mois qui viennent de s'écouler.

Les apps Fusion peuvent compléter ou remplacer l'existant

Interrogé sur les tendances identifiées sur le marché, Mark Hurd a souligné le nombre important de dynamiques que les entreprises doivent prendre en compte avec un budget restreint. Parfois équipés d'anciennes applications, aux prises avec des données en forte augmentation et une génération montante d'utilisateurs rompus aux technologies les plus récentes, « il leur faut innover avec un budget qui se réduit ». Enfin, il a redit l'étendue de l'offre applicative d'Oracle, et mis en avant ses solutions de gestion du capital humain [NDLR : sur lesquelles il est en forte concurrence avec SAP] qu'il juge être les plus avancées sur le marché.

Et lorsqu'on lui demande si la nouvelle gamme d'applications Fusion, très modulaire, a vocation à remplacer ou à compléter les solutions de gestion existantes de la base installée d'Oracle (eBusiness Suite, PeopleSoft, Siebel...), il répond que ces deux options coexistent. Si les clients veulent compléter leurs applications avec des modules Fusion dans le cloud, ils peuvent le faire. S'ils préfèrent installer ces modules sur leurs propres serveurs, pas de problème. Ils peuvent aussi demander à Oracle ou à un de ses partenaires de les gérer pour eux. Les clients peuvent aussi décider de migrer entièrement vers Fusion. L'important, insiste Mark Hurd, c'est que par rapport à des éditeurs concurrents qui n'ont qu'une seule option à proposer, soit des applications SaaS dans le cloud et seulement ça, soit des logiciels on-premise et uniquement cela, Oracle, lui, propose aux entreprises toute une palette de solutions qu'il est possible de panacher à volonté.

« Larry Ellison a redynamisé les développements de Sun »

John Fowler, vice-président exécutif d'Oracle pour les systèmes et ancien dirigeant de Sun Microsystems, s'est également déplacé à Paris pour présenter la stratégie du groupe californien dans le domaine des offres matérielles. Il a effectué une prise de parole distincte au cours de laquelle il est revenu sur les décisions prises par Oracle sur les gammes de matériel de Sun après le rachat de la société. « Après avoir élaboré des produits Best of Breed pour chacun de ses logiciels et avoir fait en sorte qu'ils fonctionnent ensemble de la meilleure façon possible, il a décidé d'appliquer la même stratégie après le rachat de Sun », a expliqué en substance John Fowler. « Il y a deux ans, Larry(*) m'a dit : 'Comment allons-nous investir pour construire des serveurs, des systèmes de stockage, un système d'exploitation Best of Breed ?' ».

Le fondateur d'Oracle s'est alors employé à redynamiser les développements de Sun avec des investissements, de l'ingénierie, en recrutant, etc., a poursuivi John Fowler. « Et l'on a commencé à voir différents matériels Best of Breed auxquels Larry a ajouté les autres signes distinctifs qu'il a apporté à ses propres produits, c'est-à-dire la capacité à mieux fonctionner avec les logiciels d'Oracle. Nous avons alors procédé à des centaines de modifications dans la façon de concevoir nos serveurs, nos systèmes de stockage, notre OS. Donc, si vous exploitez des logiciels Oracle sur du matériel Oracle, vos applications fonctionneront plus vite, mieux, de façon plus sécurisée et seront plus faciles à maintenir ».

Lors de son intervention, John Fowler a avoué avoir été soulagé et même enthousiasmé en apprenant l'acquisition de Sun par la société de Larry Ellison (en 2009). Ce qui inquiétait bon nombre de collaborateurs de Sun alors, c'était d'être repris par un constructeur de matériel qui aurait abandonné leurs lignes de produits (processeurs, serveurs, systèmes de stockage). Même si Oracle a d'abord racheté Sun pour le langage Java et semblait au départ dubitatif sur le matériel, on voit aujourd'hui quel parti il a choisi d'en tirer.

(*) Larry Ellison, PDG fondateur de la société Oracle.