Mais côté systèmes d'exploitation, le taux de pénétration est très faible. En effet, les distributions Linux n'excèdent pas les 10% de part de marché, loin derrière Microsoft et son système d'exploitation Windows. Linux reste méconnu du grand public et peine à s'imposer sur le poste de travail. Comme le précise Guillaume Degroisse, Responsable du pôle Conseil de Linagora, « l'Open Source et plus précisément Linux font peur aux utilisateurs ». Souvent considérées comme des solutions pour des développeurs et à plus large échelle pour des informaticiens, les utilisateurs ont tendance à l'assimiler aux anciennes interfaces conçues en mode non graphique, destiné à un public d'experts. « Généralement, les utilisateurs veulent du Windows sur leur poste de travail » déclare Guillaume Degroisse.

Migration du système d'informations en Open Source

Migrer vers du 100% Open Source sur les postes de travail dans les entreprise peut donc s'avérer être un véritable combat avec les utilisateurs. Pour l'heure, 74% des postes de travail des entreprises sont encore sous Windows XP. Pourtant, Michel Loiseleur directeur LRS chez Linagora entend souligner que contrairement aux idées reçues, « depuis 2007, le noyau Linux est le système qui supporte le plus de périphérique externes ». Et lorsque les solutions ne sont pas conçues pour Linux, l'utilisateur peut malgré tout lancer l'application via Wine, une machine virtuelle qui permet de lancer un logiciel en .exe (donc prévu pour Windows) sur un noyau Linux. Selon Michel Loiseleur, il faut miser sur le progressif. Ce que confirme Guillaume Degroisse : « une entreprise ne va pas passer immédiatement et totalement en Open Source ». Il estime que « de plus en plus d'entreprises passent à l'Open Source pour les logiciels applicatifs et non pour le système d'exploitation ». Tous les secteurs sont concernés. Ces entreprises seraient attirées par une réduction des coûts, liée à l'absence d'achat de licence, par une moindre dépendance de l'entreprise vis-à-vis de ses éditeurs, par des migrations simplifiées ainsi que par l'absence de nécessité de renouveler fréquemment le matériel.

Encore des inconvénients

Mais face à ces atouts, le libre présente également des inconvénients. Par exemple, Guillaume Degroisse rappelle la nécessité de mener une conduite du changement en raison d'une perception négative qu'ont généralement les utilisateurs. Et, le libre n'est pas réellement sans coûts. Certes les licences sont gratuites, mais il faut tenir compte des frais induits. Certaines entreprises réclament des services personnalisés, modifient le code source en fonction de leurs besoins. Ces services, eux, impliquent des frais. De plus, Guillaume Degroisse donne l'exemple de la reprise ou du traitement de données issues d'applications spécifiques qui s'obtient difficilement sans perte ni frais. 

Rendre l'outil plus intuitif et plus accessible

Pour attirer davantage et gagner des parts de marché, « les distributions Linux ont longtemps cherché à ressembler graphiquement à du Windows », s'exclame Michel Loiseleur. « Aujourd'hui, ils se différencient ». Il faut marquer la rupture. « La plus grosse erreur a été de faire un Gnome [NDLR : une des interfaces graphiques de Linux avec KDE] qui ressemble à Windows » ajoute-t-il. Les gens étant encore plus perdus et essayant de retrouver absolument tout ce qu'ils avaient auparavant. Et ils n'y arrivent pas. Afin de faciliter le passage à Linux dans l'entreprise, la société Linagora indique qu'elle a fait en sorte que le système d'exploitation communique le moins possible avec l'utilisateur. Car comme le résume Michel Loiseleur, « le DSI attend du « zéro question », il ne veut pas de problèmes avec Linux ». Pour ce faire, Linagora a donc automatisé les mises à jour à l'arrêt du poste de travail. L'utilisateur ne peut modifier les paramètres, et s'il le fait, tout est réinitialisé automatiquement avec les paramètres de base, assurant ainsi une uniformisation des postes de travail !