Solution de gestion de projets et de capacités mises à profit par les directions informatiques, Planview Enterprise a depuis longtemps dépassé les portes de la DSI pour entrer dans les départements R&D - en particulier dans le secteur pharmaceutique - mais aussi dans les services professionnels. A côté des outils classiques des logiciels de PPM (Project Portfolio Management), l’éditeur américain a beaucoup développé la partie décisionnelle de son offre et insisté sur le reporting. Sur ce terrain, sa solution est maintenant sur l’orbite de Microsoft, nous a indiqué Malik Ben Chedli, directeur général de Planview Europe : « Nous sommes l’un des premiers à avoir toutes nos données sur Power BI », rappelle-t-il. Dans un récent billet de blog, Microsoft propose d’ailleurs de tester Planview Enterprise avec son service analytique Power BI. La combinaison des deux logiciels permet aux entreprises de visualiser sous un angle différent leurs ressources et leurs données et d’explorer de façon interactive leurs dépenses d’investissement, leurs budgets et la façon dont leurs projets s’alignent avec leurs priorités stratégiques.

Si Planview réalise toujours 60% de son chiffre d’affaires avec les DSI, 35% de ses revenus proviennent désormais de clients exploitant le logiciel sur leurs projets de R&D. Dans le secteur du CRO (Clinical Research Organizations), la gestion de capacités permet de déterminer quels projets seront réalisés en fonction des ressources disponibles. « C’est extrêmement stratégique en termes de gestion de marge, sur des projets de plusieurs années. Nous comptons 4 clients dans le Top 10 du CRO », nous a expliqué Malik Ben Chedli. Parmi eux, un groupe comme Parexel, qui s’appuie largement sur les logiciels d’Oracle, a opté pour Planview et réalisé une vingtaine d’interfaces avec son système d’information.

Pour gérer les services, Planview fait office d'ERP

En France, l’éditeur de solutions de PPM a notamment été retenu par Sanofi, dans le secteur pharmaceutique, par Danone, dans l’agro-alimentaire, par la Mutuelle générale dans l’assurance, ou encore par le spécialiste des solutions de sécurité embarquées Oberthur Technologies. Ce dernier compte 1 600 utilisateurs sur la plateforme pour une simulation de la gestion capacitaire des projets clés en main. En matière de R&D, les ressources les plus critiques sont les ingénieurs, « sur quels projets travaillent-ils, sur quels produits, avec quels délais. Ici, l’orientation n’est pas axée sur les coûts mais sur le time to market », fait remarquer Malik Ben Chedli. Tandis que pour les entreprises de services, le logiciel se présente comme un ERP « et sur ces axes, nous n’avons pas de concurrents classiques », considère Malik Ben Chedli.

Fin 2013, le fonds Insight Venture Partners a pris une part significative dans l’éditeur Planview (détenu jusque-là majoritairement par la famille fondatrice, basée à Austin où se trouve le siège social de la société), avec l’intention d’utiliser cet investissement comme fer de lance pour d’autres acquisitions. Quelques mois plus tard, un premier rachat a porté sur Project Place, un éditeur suédois réalisant 40 M$ de chiffre d’affaires. « Planview est plutôt conçu pour de grandes entreprises travaillant de façon structurée et pour toute la partie concernant le travail non structuré qui ne nécessite pas de justifier l’effort avec un business plan, nous n’avions pas encore de solutions en dehors de la gestion collaborative. Nous avons donc acheté Project Place », nous a expliqué le DG Europe de Planview.

L’offre rachetée est très présente en Suède mais pas du tout outre-Atlantique. Le premier objectif est donc de l’implanter aux Etats-Unis. Le produit s’adresse à des TPE et à de petites équipes qui n’ont pas besoin de partager des tâches et dont 80% du travail accompli n’a pas besoin d’être saisi. Parallèlement à ce marché qui sera maintenu, Project Place va être proposé comme produit complémentaire à Planview « pour les départements qui veulent saisir du temps sur de petits projets ». Parmi les outils, on trouve une gestion des tâches kanban, utilisée dans la gestion de projets collaborative pour affecter et désaffecter des ressources. Il n’y a en revanche pas de gestion financière.

Evaluer l'informatique en termes de rentabilité de services

Plus récemment, Planview a jeté son dévolu sur l’éditeur Troux qui développe une solution orientée cette fois vers les DSI qui se positionne comme le lien entre la stratégie et les métiers. « Elle permet aux business de mieux évaluer l’informatique en termes de rentabilité de services. Cette dimension d’architecture d’entreprise et de lien avec les activités métiers nous manquait », précise Malik Ben Chedli. La solution de Troux n’est pas encore intégrée à l’application Planview Enterprise. Cette dernière vient par ailleurs de sortir dans sa version 11.5 qui met une fois de plus l’accent sur le décisionnel et le reporting, non seulement via l’intégration avec Power BI, mais aussi avec l’intégration dans son menu d’un ruban (ribbon) qui permet d’embarquer les analyses dans le portefeuille de projets. « En deux clics, on peut avoir accès à tout ce dont on a besoin », assure le DG Europe.